S'il est un enseignement du Philosophe que Thomas d'Aquin a, à la
fois, assumé et profondément revisité, c'est bien celui de l'amour
d'amitié. Cette notion centrale dans la théologie de l'Aquinate n'a
eu, pourtant, comme l'A. le reconnaît, que peu de postérité. En
effet, ce n'est que récemment que la théologie thomiste lui a donné
toute sa place. Si le propos de l'A. est clair dans son
introduction, il n'est pas si évident d'en suivre le développement.
Le lecteur aurait été aidé si le propos était mieux justifié. Comme
le fr. Olivier Guillou le dit lui-même, partir de la distinction de
«l'amour de concupiscence» et de «l'amour d'amitié», peut sembler
relever d'un parti pris qui aurait mérité d'être mieux étayé. En
revanche, dans les 3e et 4e parties, l'A. affronte les difficiles
questions de la métaphysique thomasienne et de ses sources. Il met
en lumière, avec une grande précision, la nécessité de fonder
l'éthique de l'Aquinate sur la causalité finale. Son «essai de
synthèse» ouvre des perspectives équilibrées sur les sources
aristotéliciennes et dionysiennes de la doctrine de Thomas d'Aquin.
L'enjeu se situe réellement, pour l'A., dans une redécouverte de
l'Acte d'être. L'ouvrage, déjà très scientifique, est enrichi d'une
topique historique sur «amour de convoitise et d'amitié» très
éclairante et d'une abondante bibliographie. Un ouvrage difficile
mais précieux pour qui veut pénétrer avec précision la théologie
morale du docteur commun. - G. de Longcamp csj