« Remplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1,28) : cette phrase bien connue de la Genèse a pu engendrer chez certains un regard si biaisé sur le rapport entre homme et création qu’il a pu aller jusqu’à accuser les chrétiens d’être responsables de la crise écologique ! C’est cette vision que Cédric de La Serre, prêtre du diocèse de Nanterre et enseignant au séminaire d’Issy-les-Moulineaux, s’attache à démonter dans ce livre, pièce après pièce.

Comme dans un procès, ce sont d’abord les « accusateurs » qui sont appelés à la barre durant tout le premier chapitre : que reprochent-ils donc aux chrétiens ? L’A. s’appuie sur trois auteurs représentatifs de trois types d’accusations : Lynn White – le plus connu – qui accuse une certaine forme d’anthropocentrisme chrétien dangereux quant à ses conséquences dans le rapport à la nature ; Pierre Musso qui parle d’un effet néfaste lié à la recherche de la productivité des moines médiévaux et enfin Thomas Berry qui cherche à montrer la rupture progressive des contacts entre l’homme et la création. La parole est ensuite à la défense et le père de La Serre s’appuie d’abord sur quelques péricopes bibliques afin d’entrer dans une compréhension plus ajustée de ce que le pape François appelle dans Laudato si’ « l’Évangile de la Création ». Les deux derniers chapitres sont consacrés pour leur part aux réponses chrétiennes, issues de la tradition – avec les figures majeures de François d’Assise et d’Hildegarde de Bingen –, du Magistère des papes et enfin à l’apport plus spécifique de François.

Si ce livre ne porte que sur une question précise, il permet d’apporter des repères clairs, non seulement pour y répondre, mais plus profondément aussi pour reconsidérer le propre lien que nous faisons entre notre foi et la Création, afin de le nourrir toujours plus. — Isabelle Payen de La Garanderie o.v.