Les évêques au temps de Vichy : Loyalisme sans inféodation. Les relations entre l'Église et l'Etat de 1940 à 1944

Jean-Louis Clément.
Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
Bon connaisseur de Mgr Saliège, dont il écrivit une biographie, l'A. s'est penché sur un sujet particulièrement délicat de la mémoire française contemporaine, à l'égal de tout ce qui entoure la Révolution française, car bien évidemment, c'est tout le régime de Vichy qui est à l'arrière-plan d'un tel travail (le cas étudié par l'A. est d'ailleurs à notre avis une résurgence des difficiles relations entre l'Église et l'État en France depuis 1789). Rien que pour cette raison, nul doute que l'ouvrage provoquera des réactions. Attirons l'attention du lecteur sur la fin du titre: elle exprime de façon très suggestive la conclusion de l'A. à propos de la manière dont l'épiscopat français prit position face à l'État français. Encore qu'à lire l'ouvrage il apparaît tout aussi nettement que cette attitude ne fut nullement uniforme, ni chez les personnes - les uns voyant dans Pétain l'homme providentiel, les autres le détenteur du pouvoir légitime (et on pourrait multiplier presqu'à l'infini les nuances intermédiaires) -, ni dans le temps.
Après lecture, il serait possible de poser quantité de questions. On pourrait certes se limiter au point de vue strictement «politique»: a raison qui réussit… Et, dans le cas concret, l'Église a raté… Pour notre part, il nous paraît, notamment à la suite des travaux de l'Américain Paxton, que le régime de Vichy fut plus pernicieux que ne le croient ses partisans, en particulier parce qu'il maintint une perpétuelle et profonde ambiguïté: était-il vraiment pensable de sauver la France en «s'accommodant» avec un régime aussi pervers que le nazisme? Et dès lors, l'allégeance, même mitigée, de l'Église officielle était-elle justifiable? Mais d'un autre côté, les responsables ecclésiastiques étaient-ils intellectuellement suffisamment armés pour comprendre toute la perversité du nazisme et les dangers d'une collaboration, de quelque nature qu'elle fût, avec le IIIe Reich, et donc en fin de compte cette ambiguïté du régime de Vichy? Travail, patrie, famille, sont autant de valeurs que le catholicisme défend. La «Révolution nationale» ne manquait peut-être pas d'être séduisante, surtout quand on considère que la fin de la Troisième République ne fut nullement un régime glorieux. Mais les mots ont-ils toujours la même signification chez des personnes différentes? - B. Joassart, S.J.

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