Comment les chrétiens de la Grande Église célébraient-ils aux ive
et ve siècles? C'est à cette question que répond Fr.
Cassingena-Trevedy, osb et maître de conférences à la Faculté de
Théologie et de Sciences religieuses de l'Institut catholique de
Paris. Au terme d'une minutieuse enquête menée avec grande
érudition dans le corpus homilétique des Pères, il tente d'établir
le portrait du sujet liturgique aux ive et ve siècles. Non
seulement l'homme extérieur, mais plus encore l'homme intérieur.
Après avoir cité S. Jean Chrysostome qui plante le décor en se
faisant «le promoteur et le témoin d'une anthropologie qui intègre
comme une donnée structurelle la 'fonction' liturgique de l'homme»
(p. 33), l'A. s'adonne à une véritable expertise, en quatre temps,
pour essayer d'entrevoir la communauté dans son être liturgique.
D'entrée de jeu, il campe l'assemblée liturgique (I),
constituée par le mystère même qu'elle célèbre et ordonnée à la
communion eschatologique, «laquelle s'entretient de la diversité
même de ceux qu'elle ajuste les uns aux autres» (p. 69). Il aborde
ensuite le premier acte de cette assemblée, celui d'entrer dans le
mystère - le pas de l'homme vers Dieu -, avec les attitudes
physiques, psychologiques, spirituelles que suppose
l'accès à la célébration (II). Il définit alors
l'action qui s'y déroule en terme de fête, parce qu'elle
nous entraîne dans cet «intérieur même de Dieu» où se tient la Fête
divine. Il termine son parcours en mettant en lumière le processus
d'intériorisation de la liturgie par les sujets - réception et
rétroaction. Les Pères, souligne-t-il, ont l'intime conviction que,
pour être complète et atteindre son but, l'Action liturgique doit
informer les sujets de manière à faire apparaître cet
«homme nouveau» qui est l'horizon de toute l'anthropologie
chrétienne: la fin de la liturgie est la charité. Une brillante
étude en forme de mosaïque qui nous immerge dans les oeuvres des
Pères, ce qui nous vaut, de surcroît, un très beau florilège
d'extraits traduits. - S. Dandé fmj