Organisée à l'occasion du quatrième centenaire de la «découverte»
de l'Amérique, dans une ville-phénix qui renaissait de ses cendres
après un immense incendie, l'exposition mondiale de Chicago fut
notamment le cadre du premier «Parlement mondial des religions». Le
bouddhisme était au nombre des traditions spirituelles invitées. Il
fut représenté notamment par des délégués japonais désireux de
présenter à l'Occident une image flatteuse, tant au point de vue
national que religieux. Fondé sur une riche documentation
américaine et japonaise, l'ouvrage analyse les motivations et les
stratégies de communication des hôtes nord-américains et surtout
des représentants asiatiques. Alors que le Japon de l'ère Meiji,
ouvert sur l'extérieur depuis une bonne trentaine d'années
seulement, montre d'étonnantes capacités de modernisation, ses
ambassadeurs religieux présentent un bouddhisme à la fois ancien
(plus que le christianisme), raffiné et moderne, capable de
s'adapter (mieux que le christianisme) aux sciences modernes,
notamment aux théories évolutionnistes de Darwin; un bouddhisme du
«Grand Véhicule» (Mahâyâna) supérieur aux autres écoles de l'Asie;
une spiritualité d'avenir, porteuse d'ambitions universelles.
Certes, l'étude des sources contemporaines montre que les écoles
bouddhistes japonaises étaient loin de représenter un front uni.
Leur modeste délégation remporta cependant un succès d'estime
appréciable. L'examen de ce dossier particulier a l'intérêt de
mettre en lumière un bouquet de thèmes, d'images et d'arguments qui
aujourd'hui encore président pour une part aux rapports entre
Occidentaux et Extrême-Orientaux, entre bouddhistes et chrétiens. -
J. Scheuer sj