Dans la tradition chrétienne d'Orient non plus, le désir de Dieu et
la quête de la divinisation (theôsis) n'ont pas empêché
les moines de s'ouvrir au monde et à la culture. La dizaine
d'études ici rassemblées se répartissent en trois sections
d'inégale importance. Les deux premières contributions traitent de
l'inspiration foncière de la voie monastique orientale : au
moine tenté par l'intransigeance, Maxime le Confesseur rappelle que
la ressemblance avec Dieu inclut la miséricorde et la
« philanthropie » à l'égard du pécheur ou de
l'égaré ; loin d'isoler, le choix du désert et du silence
ouvre à la communion. Les cinq chap. de la section centrale
illustrent les échanges culturels et spirituels entre le cloître et
le monde, ainsi qu'entre monachismes chrétiens d'Orient et
d'Occident : deux études font revivre les monastères grecs
d'Italie méridionale, en particulier celui de Grottaferrata, plus
proche de Rome et le seul qui ait survécu jusqu'à nos jours ;
pour l'époque contemporaine, deux essais évoquent des souvenirs de
la diaspora monastique à l'époque soviétique et traitent de
l'engagement de moines (notamment Lambert Beauduin) dans la cause
de l'oecuménisme ; un dernier texte concerne le monachisme
ancien le plus occidental, celui d'Irlande, et ses relations avec
le monde grec. Les trois contributions de la dernière section
traitent du dialogue interreligieux : débats théologiques
entre moines chrétiens et docteurs musulmans à l'époque
médiévale ; comparaison nuancée entre la prière hésychaste et
des pratiques hindoues basées sur les Yoga-Soûtras et la
Bhagavad-Gîtâ ; enfin, se basant sur son expérience, une
bouddhiste américaine de tradition tibétaine propose des réflexions
bienvenues sur les conditions et les exigences d'un authentique
dialogue interreligieux. Bien que le terme « dialogue » y
reçoive souvent un sens fort large qui risque de le diluer, ce
recueil un peu composite propose, sinon des modèles, du moins
d'utiles repères. - J. Scheuer s.j.