Nuovi studi aristotelici. II - Fisica, antropologia e metafisica

Enrico Berti
Ce second volume d'une série de quatre (cf. recension du vol. I XXX) n'a pas la prétention d'éditer des textes tout à fait neufs. L'A. y rassemble plutôt, comme dans les autres volumes, des articles profonds et essentiels qu'il a publiés dans des ouvrages et revues parfois difficilement trouvables. Professeur émérite de l'Université de Padoue, il est l'un des meilleurs connaisseurs d'Aristote vivants aujourd'hui. Et pas seulement d'Aristote, dont il conduit les analyses en dialogue avec la longue tradition interprétatives du Stagirite autant qu'en confrontation avec les problématiques contemporaines. C'est ainsi que la première partie de l'ouvrage, qui analyse divers aspects de la physique aristotélicienne (surtout la question de la causalité finale que l'A. voit liée à la causalité efficiente), engage un débat avec les thèses de Darwin, de Monod, c'est-à-dire avec les grandes questions discutées aujourd'hui à propos de l'origine de la vie. De même, les articles d'anthropologie n'hésitent pas à approcher des thèmes actuellement essentiels, par exemple le sens ou la finalité de la «vie» pour l'homme, une vie qui inclut la pensée (un article confronte Aristote et la pensée mécanique ou computérisée), ou l'identité de la personne. Mais ce sont les textes de métaphysique qui occupent la plus grande partie du volume, plus de la moitié. Ces articles sont eux-mêmes répartis en trois grands ensembles: l'ordre interne de la Métaphysique, les questions d'ontologie proprement dite, les textes de théologie philosophique. On notera, parmi les textes sur la composition de la Métaphysique, un long commentaire (30 pages) du «livre» alpha minuscule, qui montre l'impossibilité de la régression à l'infini (ce qui constitue un argument fondamental pour toute affirmation d'un principe premier); l'A., contre l'avis de beaucoup d'autres, affirme l'authenticité de ce «livre». Les travaux d'ontologie exposent des questions sur l'être, le non-être, l'analogie (l'analogie de «proportionnalité» serait centrale dans la métaphysique d'Aristote, plus que celle de «proportion» ou attributive), l'un.
Sept articles sont enfin dédiés à la théologie d'Aristote. L'A. nous prévient, dans l'introduction générale de son volume, que des apologistes bien intentionnés ont trop souvent voulu christianiser Aristote, quitte à reconnaître au bout du compte l'impossibilité de leur beau projet. Les études de théologie aristotélicienne ont mieux à faire qu'à servir à quelque concordisme facile. Le «dieu» d'Aristote «n'est que» ce qui assure à toute forme de vie sa perfection, c'est-à-dire sa consistance ou sa permanence - ce qui n'est pas une «éternité». Aristote évite soigneusement toute représentation anthropomorphique de «dieu», qu'il conçoit donc comme un pur esprit (en cela les chrétiens peuvent - et même doivent - reprendre ses thèses), mais non pas comme un créateur ni comme un législateur. La causalité divine est donc à entendre chez Aristote d'une manière particulière, efficiente sans être matérielle: en se pensant activement lui-même, la «moteur immobile» engagerait le mouvement du ciel. L'ouvrage, désormais indispensable pour toute étude sur la pensée fondamentale d'Aristote, s'achève en reprenant trois articles sur Platon, qui traitent entre autres de ses «doctrines non écrites». - P. Gilbert sj

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