Gérard Grote (ou Le Grand) (1340- 1384) est un prêtre hollandais de
Deventer converti après une grave maladie en 1372 et décidé à
suivre la vie du Christ de très près. Il groupe des disciples,
fréquente les chartreux près d'Arnhem, y découvre les oeuvres de
Jean Ruusbroec et prêche la réforme des chrétiens et du clergé. Il
meurt victime de la peste et ses disciples continuent son mode de
vie et ses prédications, ce qui devint la «devotio moderna» et
donna l'Imitation de Jésus-Christ. Les Hollandais ont entrepris
d'éditer les OEuvres complètes de Gérard, dont cette traduction
latine des Noces spirituelles de Ruusbroec. On pense que Gérard a
rencontré le mystique bruxellois vers 1378 pour lui exposer ses
difficultés à propos de certains passages de son oeuvre et qu'il
aurait reçu tous ses apaisements. Ces Noces spirituelles, oeuvre la
plus fameuse de Ruusbroec (1293-1381) ont été écrites en vieux
flamand et déjà du vivant de leur auteur ont été traduites en latin
pour être lues par tous les lettrés. Gérard, maître ès arts de
Paris, voulait en faire une traduction nouvelle collant étroitement
au texte et demanda à pouvoir corriger trois ou quatre expressions
trop dangereuses au point de vue théologique. Or, on constate que
sa traduction a été faite sur la seconde version flamande de
l'oeuvre qui comporte ces corrections et quelques autres. Il nous
reste 13 mss de ce texte latin, mais avec pas mal de divergences
entre eux, car il semble que les copistes possédaient aussi une
copie flamande de l'oeuvre et corrigeaient le latin là où cela leur
paraissait indiqué. Après une longue critique de ces mss, l'éditeur
R. Hofman aboutit à un schéma assez complexe de leur filiation. Les
Noces spirituelles comportent trois parties pour parler des trois
voies traditionnelles de la vie spirituelle ou Noces spirituelles:
vie active, passive, et unitive ou contemplative. Chaque partie se
divise en quatre chapitres tous introduits par une des quatre
divisions de la phrase de Mt 25,6: «ecce/ Sponsus venit/ exite/
obviam ei/». Dans son Prologue, Ruusbroec explique que l'Époux est
le Christ, et la nature humaine, son épouse créée à l'image de
Dieu. Dans le jardin d'Éden, la nature humaine était unie à Dieu.
Le péché a rompu l'Alliance que le Christ est venu rétablir et il
l'offre de nouveau à chacun de nous. - B. Clarot, S.J.