Pierre-Yves Fux, qui présente et traduit les textes choisis par ses
soins de saint Augustin sur la paix et la guerre, rappelle la
découverte à Tipasa, en 1969, d'une mosaïque portant l'inscription
«In Christo Deo pax et concordia sit conuiuio nostro».
Assemblée dans la dernière décennie de l'Empire romain en Afrique,
cette mosaïque rappelait, durant une époque troublée, un rêve
apparemment inaccessible: celui d'une paix et d'une concorde pour
lesquelles Augustin ne cessa de se dépenser, dans l'attente de les
goûter pleinement dans l'éternité. Notre temps, déchiré par des
conflits permanents, devrait entendre la pensée d'Augustin,
«désireux d'une paix plénière» et réfléchissant sur «les ressorts
et les modalités de la guerre». Pour lui, la paix des hommes est
une concorde ordonnée, où la rencontre des coeurs doit s'allier
avec un ordre indissociablement lié à la justice. «La paix est la
tranquillité de l'ordre», affirmait-il, présentant de cette paix
«une doctrine structurée et complète, tandis que les réflexions sur
la guerre n'y apparaissaient qu'incidemment. P.-Y. Fux a opéré un
choix judicieux parmi les textes augustiniens les plus
significatifs, soigneusement présentés et annotés par lui. Son
anthologie est en plus éclairée par des pages rappelant la doctrine
de la guerre juste au Moyen Âge et à l'époque moderne et
prolongeant la réflexion jusqu'aux aléas de l'époque contemporaine.
Il n'hésite pas à conclure que la pensée d'Augustin sur la paix et
sur la guerre recèle une sagesse qui peut encore nous inspirer
aujourd'hui, «avec des développements nouveaux ou des références
anciennes». Le lecteur pourra ajouter à cet excellent ouvrage
l'article ancien de Pierre Guilloux, Saint Augustin et la guerre,
(dans Les Études, t. 151, 1917, p. 5-19). - H. Jacobs sj