Pantocrator. « Dieu le Père tout-puissant » dans la théologie prénicéenne
Jean-Pierre Batut (Mgr)Théologie - Recenseur : Simon Decloux s.j.
Avec Théophile d'Antioche (+/- 180), la théologie du Pantocrator est associée à l'affirmation de la création «ex nihilo» dans le contexte d'une théologie du Logos par qui «tout a été fait». L'effort d'Irénée est ensuite rappelé pour dénoncer l'erreur gnostique au sujet du Pantocrator, grâce à l'identification explicite de celui-ci avec le «Très-Haut». «De même qu'il est impossible de dire que Dieu est Père sans se demander de qui il est Père sauf à vider de son sens la paternité, de même il est impossible de le dire Pantocrator sans être tenu de préciser sur quoi s'exerce sa pantocratoria». Mais «le Pantocrator est un vocable gênant pour toute pensée tentée de minimiser ou de passer sous silence la relation entre Dieu et le monde» (p. 143).
Pour Tertullien, c'est parce que Dieu a un Fils qu'on peut dire de lui ׂqu'«il ne peut qu'être créateur» tout en maintenant que la création est le fruit de sa libre bienveillance. Aux yeux d'Origène, le sens dernier de l'unité eschatologique du Cosmos est la plénitude du Corps du Christ qu'est l'Église, car «l'Église, c'est le monde quand il est illuminé par le Sauveur».
Restait à définir le destin du Pantocrator dans l'histoire de la théologie après Nicée, en tenant compte particulièrement du passage à la culture latine, et en étant attentif à l'évolution du vocabulaire théologique, plus précisément sur le thème qu'évoque la notion de puissance divine. - S. Decloux sj