Paroles déconcertantes. Pour un christianisme laïcisé

M. Delespesse
Biographies - Recenseur : Jean Radermakers s.j.
Ces «paroles déconcertantes» de l'A., que j'ai connu autrefois et que je considère comme un ami, m'ont certes déconcerté. Peiné, surtout, car je sens çà et là pointer de l'amertume et de la tristesse. Sa confession est touchante, car elle est vraie. Sans doute le fait d'être baigné dans un «christianisme laïcisé» et de rencontrer des incroyants de diverses tendances l'ont marginalisé par rapport à la foi en Dieu et à son envoyé Jésus Christ. Les chapitres défilent, reprenant les griefs que la plupart d'entre eux développent contre l'Église et les chrétiens: un anti-credo, somme toute.Je connais bien toutes ces questions auxquelles je me suis moi-même affronté pour la vérité de mon enseignement, et surtout pour aider des étudiants qu'effrayaient les négations de la modernité. L'A. nous fait entrer «dans le vif du sujet», et nous le suivons dans ses mises en question. Partant de la biologie scientifique, il souligne la précarité de l'être humain et de son cerveau base de sa conscience, puis il rappelle les étapes de la «genèse de Dieu» dans la pensée des Hébreux et nous fait entrevoir la fin de notre monde, l'«eschatologie». Il nous confronte aussi à «Jésus qu'on appelle Christ», réduisant son rôle à celui d'un modeste prédicateur galiléen itinérant du début de notre ère, dont on a gonflé, mythologisé le destin jusqu'à le déifier. Alors, face à ces «mythes fondateurs» qui ne tiennent plus devant la raison humaine, tout s'effondre: l'au-delà, le bien et le mal, avec l'éthique qui permettrait de les évaluer. Il ne reste plus que la rencontre entre hommes qui vivent la solidarité et l'amitié dans des communautés conviviales, loin du «sacré» des rites liturgiques dénués de sens. Le chemin est classique: désenchantement et déconstruction de notre être, dès lors que nous abandonnons celui que nous pourrions appeler «Dieu avec nous»…
Triste parcours, auquel je compatis. Je l'ai refait plusieurs fois, sans pourtant me laisser déstabiliser, parce que j'ai gardé un contact constant et vital avec l'Écriture, parole de Dieu, non pas seulement dans les pages d'un livre, mais dans la vie des pauvres et des saints que je côtoie chaque jour… Merci, mon cher Max, de nous déconcerter en nous partageant tes doutes, tes angoisses et tes combats, épreuve de ta descente aux enfers, et pardon de passer à travers le fond! M'y suivrais-tu comme je t'ai suivi? J'attendrais volontiers à présent: «paroles déconcertantes pour un laïcat à évangéliser». - J. Radermakers sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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