Pest, Heilsangst und Frömmigkeit. Studien zur religiösen Bewältigung der Pest am Ausgang des Mittelalters

Th. Esser
Histoire - Recenseur : Léon Renwart s.j.
Dans Peste, angoisse du salut et piété, Thilo Esser étudie l'aspect religieux des réactions contre les terribles épidémies qui ravagèrent nos contrées à la fin du Moyen Âge. Il se demande d'abord si la peste apparaissait à l'époque comme un châtiment divin pour les crimes de l'humanité ou comme une catastrophe naturelle. Malgré les réels progrès de la lutte médicale contre la peste à la fin du XVe siècle, on gardait encore la nette conviction de pas être en état de déceler la vraie cause de ce fléau. Aussi jugeait-on sage de se prémunir contre lui sur les deux tableaux, comme le montrent les traités de l'époque: ils entrelacent les deux tactiques. L'A. étudie d'abord les témoignages de lutte contre la peste dans la dévotion publique. La liturgie en témoigne par trois messes votives contre la peste et l'emploi de la messe de Saint Roch dans le même but. Ces textes montrent les divers aspects de purification des fautes, d'invocation et d'intercession que visaient ces pratiques. Ils rappellent aussi les «prodiges historiques» qu'on leur attribuait. Autre forme de cette lutte, les confréries et les fondations pieuses. Celles-ci existaient dès avant cette époque, mais elles connurent un considérable développement et une orientation caractéristique contre ce fléau, notamment en ce qui concerne la préparation à la mort, toujours à craindre et souvent très rapide en cas de peste. De plus, ces groupes assuraient normalement la mémoire liturgique des membres défunts et l'aide charitable aux victimes.
La dévotion privée accorda elle aussi une grande importance aux pratiques religieuses contre la peste. Dans les livres de prière, on découvre de nombreuses invocations en ce sens adressées aux Saints, au Christ, ainsi que des «prières à la lettre Tau» - où l'on voyait la forme du mât sur lequel Moïse avait fixé le serpent d'airain, symbole de la croix du Christ. Le développement de l'imprimerie donna naissance à la multiplication de feuillets ornés d'une gravure accompagnée d'un texte (prière ou explication plus ou moins en rapport avec l'image). Ces feuillets furent aussi employés un peu à la manière des reliques (autre dévotion qui s'épanouit à l'époque) pour leur effet «apotropaïque» (protecteur); on les portait sur soi, on les fixait sur les vêtements des petits enfants, dans l'espoir que cette présence du saint leur attire son secours
L'A. conclut en relevant l'origine des constantes découvertes dans la pensée et la pratique de cette époque; elles sont à chercher dans la mentalité spécifique du Moyen Âge. Le motif le plus évident de cette tactique de lutte contre la peste est qu'un don requiert un «contre-don» (tout se paie). Dans ce système de réciprocité, les mérites des élus jouent un grands rôle, car les saints restent proches de nous et sont auprès de Dieu. Il y a entre ciel et terre une double interaction: de la part de la puissance céleste qui punit, réprimande, mais protège aussi et guérit, mais aussi de la terre au Ciel, grâce au Christ présent dans l'Eucharistie et par la prière des saints, leurs mérites et leurs reliques. L'ampleur du fléau explique enfin la très large diffusion de ces pratiques.
La bibliographie signale les sources inédites, les sources publiées et les études sur le sujet. Cinq annexes donnent une édition critique, ligne par ligne, du texte des messes étudiées dans le texte. Une soixantaine d'illustrations à pleine page reproduisent des feuillets caractéristiques de cette dévotion. Ce travail remarquable, clair, solide et pondéré fait honneur à la collection dans laquelle il paraît. - L. Renwart, S.J.

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