Dans ce traité de morale pratique, adressé au grand public et
publié ici en édition mini format, l'A. recense dix-huit 'vertus':
politesse, fidélité, prudence, tempérance, courage, justice,
générosité, compassion, miséricorde, gratitude, humilité,
simplicité, tolérance, pureté, douceur, bonne foi, humour, amour.
La première d'entre elles n'est pas encore morale, la dernière ne
l'est déjà plus. Les autres, qui sont toutes importantes,
nécessaires et difficiles, sont présentées sans souci de
hiérarchie. La foi et l'espérance théologales sont absentes. L'A.
évoque le courage de Beethoven, la fidélité de Brahms, la
générosité de Haydn, la douceur de Schubert. Il présente le suicide
comme un droit et la peine de mort comme légitime. Il fait de
fréquentes références à Spinoza et à Jankélévitch. Il cite
également Nietzsche, Fénelon, Alain, Thomas d'Aquin, Épicure,
Rousseau, Augustin (La mémoire est le présent du passé), Nietzsche
(Il est impossible de vivre sans oublier), Simone Weil (La
non-violence n'est bonne que si elle est efficace)… Aucune vertu
n'est naturelle: il nous faut donc devenir vertueux. Toute vertu
est un sommet entre deux vices: le courage, entre lâcheté et
témérité; la douceur, entre colère et apathie… Les bonnes manières
précèdent les bonnes actions et y mènent. Pardonner, c'est cesser
de haïr. Aimer ses ennemis, ce n'est pas cesser de les combattre.
Nous n'avons besoin de générosité que par faute d'amour. L'humanité
n'invente pas la douceur, elle la cultive. La tempérance, c'est la
prudence appliquée aux plaisirs. La simplicité c'est l'enfance de
l'esprit. La science progresse et oublie; la philosophie médite et
se souvient. L'amour chrétien est plus exaltant; la compassion
bouddhiste est plus réaliste. A-t-on besoin d'un Dieu pour aimer
son prochain? Le style est clair et limpide. L'A. est athée. - P.
Detienne sj