Jean-Claude Larchet est patrologue et théologien orthodoxe (spécialiste de Maxime le Confesseur). Docteur en philosophie et en théologie, professeur des universités (Strasbourg), il a édité une trentaine d’ouvrages, touchant en particulier aux différentes formes de maladies et de thérapeutiques (spirituelles, psychiques et corporelles) comme aussi à la bioéthique. La pandémie due à la covid-19 a révélé les fragilités de nos sociétés contemporaines comme des recherches scientifiques subitement prises de court. Les religions n’ont pas échappé au bouleversement général, et le christianisme, en particulier : fermeture des églises, réduction du nombre de participants aux offices, interrogations sur la manière dont sont dispensés les sacrements, questions sur le sens théologique et spirituel de la maladie.

Le livre de J.-C. Larchet, organisé en quatre chapitres, présente l’originalité de s’appuyer sur une lecture précise des textes bibliques et une considérable littérature patristique ; d’où une perspective historique qui permet de comprendre comment les questions que nous nous posons aujourd’hui à propos d’une épidémie, sont à la fois nouvelles et malgré tout très anciennes. Refusant les postures extrémistes, analysant rationnellement les positions des différents gouvernements qui n’ont pas obéi à des mesures spécifiquement antichrétiennes (p. 103s.), l’A. dégage peu à peu le sens que peut avoir un confinement ou les « gestes barrières ». Analysant la signification de toute communion spirituelle ou virtuelle (laquelle ne peut jamais remplacer l’accès à la communion eucharistique), il déploie de longs développements consacrés justement aux questions relatives à l’eucharistie et à la possibilité d’utiliser des « pratiques alternatives » à la manière habituelle de recevoir la communion (p. 155s). Ces discussions pourront paraître parfois surprenantes pour les lecteurs catholiques, qui néanmoins se retrouveront dans une analyse lumineuse de la transsubstantiation (p. 217s.). J.-C. Larchet termine son ouvrage par une exhortation à combattre le virus de la peur, et la nécessité de nous familiariser avec l’idée de la mort, frappée de plus en plus d’un déni problématique (p. 255s.). D’où le rôle primordial de la foi pour surmonter nos craintes, parfois pathologiques, et la nécessité urgente de la prière qui nous unit au Christ. Rappelant que la mort du Christ, signifie « la mort de la mort » (p. 267), et sa résurrection la victoire de la vie, l’A. dessine le chemin d’une paix intérieure renouvelée.

Un « petit » ouvrage dont la signification œcuménique est évidente et dont la grande portée spirituelle, en ces temps difficiles, est à souligner avec force. — M.-J. Coutagne