« Plus les événements paraîtront difficiles et même désespérés au jugement de ce monde, plus il nous appartiendra d’y faire face parce que nous sommes de la Compagnie de Jésus et que nous devons tout faire pour l’Église en difficulté ». C’est par cette citation extraite d’une lettre de Canisius au Général de la Compagnie, que Pierre Emonet termine cette biographie et précise : « tout l’homme se retrouve dans ces lignes » (p. 174). On est ainsi entraîné à rencontrer ce jésuite des premières générations qui remplit nombre de missions, étant supérieur, local et provincial, fondateur de collèges, prédicateur, théologien, sans doute pas original, mais ayant une connaissance peu commune de l’Écriture et de la Tradition ; il fut en même temps le premier écrivain de la Compagnie, inaugurant ainsi un type d’apostolat qui sera plus tard largement pratiqué dans son Ordre. Et pourtant, l’époque était pour le moins troublée du fait de la Réforme protestante que Pierre n’eut jamais peur d’affronter. Et s’il ne fut pas un mystique, il n’en était pas moins un priant, et toujours soucieux d’être tout à la fois ferme et doux avec tous ceux qu’il rencontrait. Certes, le lecteur sera peut-être parfois un peu déconcerté par des allers-retours chronologiques. Mais c’était aussi une manière de faire rencontrer un homme qui, du fait précisément des multiples missions qu’on lui confia, fut aussi un grand voyageur, jamais avare de son temps et de ses forces. — B. Joassart s.j.