¿Por qué Dios? Análisis de los fenómenos religiosos

Rodney Stark
Théologie - Recenseur : Albert Evrard

Dans ce 3e livre, Rodney Stark, sociologue américain renommé du phénomène religieux, poursuit l’analyse des théories sur la religion commencée en 1962. Cherchant à palier un manque de théorisation récurent, il se livre à l’exercice proposé à la critique dans sa conclusion finale.

Sur fond de causalité, il avance des propositions soutenues par des définitions, articulées en un raisonnement hypothético-déductif validé de manière positive et négative, à la fois sur l’être et l’existence (métaphysique de la religion) et sur la relation avec le divin et sa compréhension (théologie). 9 thématiques assurent une progression discutée permettant de rejeter des lieux communs, de répondre à des contradicteurs, et d’établir une affirmation : « la base perpétuelle de la religion [monothéisme ou polythéisme ou animisme] est la conviction et l’espérance que la vie a un sens » (traduction libre – proposition 192) que, finalement, seul [un Dieu(x)] infini, et la religion qui en découle, peut réellement soutenir de manière permanente dans l’histoire (p. 55, 185, 230).

Son point de départ est l’expérience humaine d’une personne saine et sincère (p. 81) guidée par l’essentiel qu’est la recherche du sens existentiel. Cela aboutit à se sentir appartenir à une communauté vivante (religion) où l’adhésion à des normes morales se déduit de cette présence vécue d’un Dieu infini (IX) alors qu’est secondaire la recherche de récompense, si attestée dans le discours et son étude académique (I-VIII).

Quelle que soit l’époque, l’être humain recherche la maximisation de sa satisfaction et de l’efficacité dans sa vie, à travers son action, sa pensée, tant dans le domaine matériel qu’immatériel. Cela suppose l’attribution d’une valeur à toute chose et un être humain qui recherche ce qui en a le plus pour lui aussi dans le domaine de la vie intérieure, de la foi, de la prière, des rituels (I). Soutenir cette recherche individuelle et collective suppose une organisation et un personnel religieux déployant une grande énergie au service de chacun. Par cette présence aux multiples éléments (religion) s’établit un lien entre Dieu ou les dieux [le divin] et la conduite humaine « morale » faite, en principe, pour faciliter l’effort individuel de tous et non soutenir l’« ordre moral » d’une société (II). Dans tout contexte sociétal ayant démarré dans l’histoire de l’humanité au même moment à plusieurs endroits (Âge Axial), l’individu rationnel (inscrit dans un schéma d’évolution de l’espèce) entre en relation avec le divin (la prière, les rites plus ou moins présents selon l’époque de crise du contexte sociétal) et perçoit l’action du divin (miracle et révélation novatrice) (III). Les mouvements religieux apparaissant après leurs fondateurs, naissent, se maintiennent (Église) ou disparaissent (Sectes) dans l’histoire, suivant leur capacité dynamique à communiquer et soutenir l’individu et s’attirer des suiveurs (IV-V), en établissant et conservant la confiance dans le personnel ecclésiastique (par leur foi pieuse, p. 179) capable d’insuffler ce qui est nécessaire à l’engagement individuel (V-VI). Cependant, mal orienté, l’effort individuel peut aboutir à aimer ou détester les êtres humains appartenant à une autre religion ou à rejeter toute religion pour, nolens volens, la remplacer par un culte autocratique (VII) ou, dans un contexte de privatisation spirituelle non soutenue par la religion, à affaiblir le contexte moral et augmenter l’agir individuel et collectif éloigné de la recherche du sens essentiel (VIII).

L’A., éduqué dans le protestantisme américain, parsème le livre de réflexions sur sa propre progression dans la communauté intellectuelle. Le lecteur notera, en annexe, la présentation linéaire des 192 propositions, définitions et déductions. Publié en anglais en 2017, ce livre a une bibliographie essentiellement américaine ou anglo-saxonne ne dépassant pas 2015. Il est aussi largement auto-référencé par des publications de l’A. ou écrites en collaboration avec ce dernier, ce qui laisse penser à un ouvrage formant la synthèse sinon l’aboutissement d’une pensée. — A. Evrard s.j.

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