Le 21 mai 2020, fête de l’Ascension, une femme se porte publiquement candidate à l’archevêché de Lyon, laissé vacant par la démission du Cardinal Barbarin dans les conditions dramatiques que l’on connaît. Cette candidature souvent comprise comme un « coup médiatique » a suscité des réactions considérables qui ont surpris Anne Soupa elle-même. Cette théologienne, écrivaine et journaliste est bien connue des milieux catholiques par ses prises de position souvent abruptes et considérées comme « progressistes » : elle se devait d’expliciter sa démarche, mais aussi d’approfondir cet engagement inattendu en le prenant au pied de la lettre, afin d’affronter une tradition bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Anne Soupa a vite compris qu’il ne suffisait pas de courir de plateau TV en plateau TV pour dénoncer le peu de place que les femmes ont dans l’Église (une évidence dénoncée par le pape François lui-même), encore fallait-il comprendre la situation et tenter d’en affronter toutes les données. C’est à cette exigence que tente de répondre le livre qui se lit aisément.

Deux moments dans l’ouvrage : d’abord un témoignage qui, à partir de la suggestion malicieuse de son fils, un jour en fin de repas, jusqu’à la rédaction de la candidature elle-même, retrace son parcours et des questions personnelles qui rejoignent évidemment celles de toute une génération ; ensuite l’amorce d’un diagnostic qui concerne la situation de l’Église aujourd’hui crispée sur la figure du prêtre et incapable de donner leur pleine place aux laïcs, tant il est vrai que la question des femmes serait ici à la fois le symptôme et la maladie ! Et en effet Anne Soupa pointe ici la quasi-absence depuis les travaux du dominicain Yves Congar d’une véritable théologie du laïcat ! Cependant si la partie spirituelle et biblique du livre permet des développements assez intéressants, les réflexions ecclésiologiques ne peuvent aller au-delà de simples esquisses et demanderaient approfondissements et débats. Anne Soupa espère des « évêques laïcs », « désencombrés », capables de « paroles justes », comme, dit-elle, aux temps premiers de l’Église : oxymore qu’elle revendique avec force ! Mais il est indéniable que cette initiative (« de désobéissance à ciel ouvert », selon son expression) et ce livre polémique entendent, d’une certaine façon, faire trembler tout l’édifice romain, même si le titre du livre Pour l’Amour de Dieu (celui que Dieu porte et celui que l’on porte à Dieu), veut résumer, dans son ambiguïté même, toute sa motivation. — M.-J. Coutagne

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