Pourquoi l'Église ? La dimension ecclésiale de la foi dans l'horizon du salut
(dir.) Christoph TheobaldThéologie - Recenseur : François Odinet
Après une introd. qui ressaisit les différentes dimensions en jeu (J.-L. Souletie), la 1re partie examine comment le salut peut se comprendre dans nos sociétés contemporaines, avec les contributions de R. Lemieux, C. Theobald et J.-M. Donegani. Ce dernier interprète la mondanisation du salut avec ses traits caractéristiques (subjectivisme, pragmatisation et relativisation des croyances), en concluant que « si le monde moderne et ses valeurs fondatrices sont issus de sources chrétiennes comme un enfant de ses parents, il faut que le christianisme reconnaisse ce monde comme le sien » (p. 80). En contrepoint, N. Siffer relit l'oeuvre de Luc : pour celui-ci, le Royaume marque la continuité entre la prédication de Jésus et celle des disciples ; après la résurrection, il est conjoint à l'annonce de Jésus Messie.
La 2e partie envisage la dimension ecclésiale de la foi : J.-N. Aletti la situe d'abord dans les écrits pauliniens, qui envisagent l'Église comme un corps uni, dont Col et Ep montrent qu'il dépend radicalement du Christ-Tête, qui crée un « homme nouveau » réconciliant dans une nouvelle création judéo- et ethno-chrétiens. L. Villemin et G. Chevallier relisent Mystici Corporis, Lumen gentium et les textes de Jean-Paul ii en examinant comment sont considérés ceux qui n'appartiennent pas à l'Église visible : c'est un signe essentiel de l'articulation entre Église et Royaume. Après l'examen du « motif de l'Église comme sacrement » (P. Gisel), on trouve deux regards sur la situation géographique de l'Église : sa présence dans la ville (C. Delarbre) et le sens nouveau de l'institution paroissiale (A. Borras) ; communauté en chemin, de plain-pied avec la culture contemporaine, celle-ci, plutôt que de faire nombre, est appelée à faire signe de l'espérance chrétienne. H.-J. Gagey constate ensuite qu'aucune figure de l'Église ne fait aujourd'hui paradigme : de l'examen de trois « paradigmes fantômes » se dégagent quelques lignes qui dessinent un visage pour l'Église.
La dernière partie s'interroge encore sur la visibilité de l'Église dans l'histoire, lorsqu'on la situe dans la perspective eschatologique de l'avènement du Règne, d'un point de vue protestant (D. Müller) puis catholique (J.-F. Chiron reprenant l'étude de l'Église-sacrement), avant d'accueillir la conclusion de J. Famerée qui espère « en pleine alliance avec toute dynamique d'humanisation dans l'histoire, (…) ouvrir une brèche sur un au-delà de l'histoire (…) qui ne lui soit pas extrinsèque tout en lui étant transcendant, autre et neuf » (p. 357). - F. Odinet