Voué depuis tant d'années à l'intelligence chrétienne des Écritures en dialogue avec la tradition juive qui porte le Livre et avec le monde d'aujourd'hui, J. Radermakers s'est associé à A. Wouters, artiste peintre belge, pour offrir cet ouvrage à lire et à contempler. La traduction inédite du Prologue de Jean conduit l'exégète à proposer un parcours de toute la Bible en optant pour le modèle de la harizah, interprétation en «collier» de citations vétéro et néotestamentaires soulignant tel ou tel point à méditer. Les acryliques «pleine page» s'approprient le surcroît de sens auquel invite le prologue johannique.
Dès lors, les auteurs peuvent avertir: «Les pages que vous allez lire sont comme un commentaire du Prologue de Jean» (p. 3). Le «comme», très johannique, qui se glisse là, est d'importance. Il creuse un espace, il ouvre aussi un temps, où vont se rencontrer et dialoguer un homme et une femme au service de l'écriture de l'apôtre et de son propre écho au Verbe incarné. Des mots, des couleurs, des versets, un récit, un drame, des traits de plumes et des traces de pinceau, de la force et de la tendresse, des «lames à double tranchant», des fragments convoqués pour dire l'indicible et peindre l'invisible de l'unique commencement. Ce n'est plus Babel à l'assaut du ciel, c'est un feu qui arde au plus intime de nos gestes humains malhabiles pour que s'ouvre aussi en nous, au buisson ardent de nos coeurs, «comme» un nouveau chemin pour l'homme et la femme de la création nouvelle. Espace et temps féconds où trouvent place huit, plus un, parvis où tremblent les neuf flammes du candélabre de la dédicace du temple de la mémoire et de la prière. Parvis hospitaliers des éclats d'éblouissantes rougeurs striées d'orange, de jaune, de vert et de bleu, d'indigo, de violet aussi, de blanc de lumière enfin, que vient encore sceller, précis et nécessaire, le trait noir adouci au besoin, et qui donne forme au ventre maternel, hospitalier de la naissance d'en haut, et encore de nos propres commencements.
Lire, regarder. Vient alors le temps du silence, de la contemplation. Résonance d'un mot, arrêt du regard, apaisé ou inquiété par une subite fulgurance… Bonheur d'offrir notre propre chair. Plisser les yeux pour y voir l'abîme rouge-sang de notre coeur. C'est à nous maintenant d'offrir au Verbe, ici «comme» au commencement, sa troisième naissance… Laisser alors monter l'hymne et la plainte. Oser - pourquoi pas? -, moi qui suis le sourd et l'aveugle déjà gracié au bord du chemin, oser la supplication. Mais encore accueillir la louange pour un psaume inédit que seul Dieu peut entendre, et ses anges.
Ici s'épuise la glose. Prenez à droite et lisez, allez à gauche et regardez. Et dans ce va-et-vient souvent et paisiblement repris, accueillez la grâce d'une Nouvelle Alliance. En la sienne, la vôtre. - J. Burton sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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