« Qui es-tu mon fils ? » La vie prophétique de Jacob et Rachel (Gn 25-35)

Albert-Marie Crignon
Écriture Sainte - Recenseur : Didier Luciani

L’éditeur, sans doute par mesure d’économie, n’aurait pas choisi un corps de police et un interligne si petits, ce livre – issu d’une thèse défendue à Fribourg en 2016 – de 472 p. en aurait sans doute fait plus de 700 ! C’est dire que l’appréciation du recenseur, dans les limites imparties, ne pourra être que très partielle. Partant de Mt 11,13 (« Tous les prophètes (…) ainsi que la Loi ont mené leurs prophéties jusqu’à Jean »), le but affiché d’Albert-Marie Crignon est de montrer – à partir de Gn et, tout spécialement du « cycle » de Jacob et Rachel – que ce propos néotestamentaire selon lequel « la Loi (c’est-à-dire la Torah) prophétise » doit s’entendre de façon littérale et, plus précisément, de chercher à comprendre comment ce sens prophétique opère à même la lettre de cette Loi. Comme la longue introduction (p. 9-39) le confirme, il en va donc tout à la fois d’un projet exégétique, herméneutique et même théologique puisque l’A. pense qu’il n’est pas impossible de repérer, dans la lettre de l’AT, les traces du Fils premier-né à venir en qui la multitude sera bénie. Le projet est donc ambitieux : rien de moins, selon lui, que de chercher « à réduire, sinon à combler entièrement, le fossé qui sépare, de nos jours, l’exégèse moderne de l’exégèse patristique » (p. 33). La réflexion, comme le dit la 4e de couv. est, quant à elle, souvent « tourbillonante d’érudition », sans toutefois parvenir à toujours éviter des digressions superflues. De même, certaines catégories utilisées de façon récurrente par l’A. restent problématiques (forme finale du texte, sens littéral, sens plénier, etc.) et prêtent à discussion. Enfin, l’exégèse est parfois sélective : ni Gn 26, ni Gn 34 ne sont vraiment analysés, mais il faut admettre que dans la structure du cycle retenue (grosso modo, celle de M. Fishbane), ces deux chap. ne jouent que le rôle d’« interlude ». Quoi qu’il en soit de ces remarques et pour autant que le lecteur entre dans ce type d’exégèse qui cherche à prendre au sérieux l’unité des Écritures ou l’articulation des deux Testaments – démarche derrière laquelle les spécialistes n’auront aucun mal à reconnaître l’influence de Philippe Lefebvre, le promoteur de la thèse (voir son Livres de Samuel et récits de résurrection, Paris, 2003) – le lecteur ne perdra pas son temps à s’accrocher à ce dense et fort volume. — D. Luciani

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80