Religion et culture. Europe 1500-1800, tr. Él. Kaufholz-Messmer

K. von Greyerz
Histoire - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Ce livre dense et bien informé, tente de montrer le sens et l'importance de la religion et de la religiosité entre 1500 et 1800, après la Réforme protestante. Écrit par un professeur d'histoire de Bâle, il concerne principalement les pays touchés par la Réforme et la France. La matière déjà énorme a exigé 30 ans de recherches. L'A. s'intéresse plus à la dynamique du fait religieux qu'à ses institutions, sans négliger celles-ci. On a longtemps prétendu qu'à la Renaissance tournée vers le paganisme antique, l'Occident avait totalement rompu avec son passé médiéval, alors qu'en fait il y demeurait bien enraciné, surtout au niveau du peuple. La religiosité (plutôt que la religion) servait de système de valeurs individuelles et collectives ou légitimait les ordres naturels et socio-politiques existants.
Très justement, l'A. fait remarquer qu'il faut comprendre de l'intérieur les idées et les faits du passé, dans leur contexte culturel, et non à partir de nos idées et de notre contexte culturel. En outre, toute écriture de l'histoire est un travail de reconstruction du passé en fonction du présent de l'historien et de ses choix théoriques. Aussi l'A. tient-il à préciser qu'il ne sépare pas culture et société et qu'une certaine orientation est anticipée dans sa manière de présenter l'histoire, mais sans en faire un déterminisme.
La religion ne s'opposait pourtant pas systématiquement à la science. Dès 1600, Bacon affirmait que Dieu respecte les lois de la nature et agit à travers elles. Newton disait à peu près la même chose et se passionnait pour l'alchimie et la formation des métaux, tout comme d'autres savants anglais ou allemands. Au XVIIe s. les savants de la nature ne voyaient pas de contradiction entre la religion et les sciences. C'est le siècle des Lumières qui a durci les positions.
L'A. admet que l'on connaît mal la religiosité des petites gens. Il signale que la révolution française, antireligieuse, provoqua des mouvements de 'réveil' protestants, l'ultramontanisme catholique et même la promotion par l'état autrichien de formes traditionnelles de la religiosité populaire dans le but d'enrayer les influences révolutionnaires.
Bien documenté, cet ouvrage se montre impartial et modifie nombre d'opinions anciennes trop massives. - B. Clarot sj

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