Le lecteur est rassuré d'emblée: André Gouzes op, qui a lu
intégralement l'ouvrage qu'il préface, nous avertit: son ami
bénédictin présente ici «tous les fondements historiques,
théologiques et bibliques de ce mystère liturgique». Dix longs
chapitres, fort détaillés, rappellent les règles édictées par la
Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium (1963) et
les confrontent à la manière dont elles sont appliquées. Épinglons
quelques phrases. L'axe horizontal sur lequel on insiste
aujourd'hui ne contredit pas l'axe vertical qui semblait hier
prépondérant. Tout ce qui appartient à la liturgie relève de
l'objectivité de la foi. La liturgie ne procède pas par mimétisme
reproductif des faits historiques. L'Église a rénové plutôt que
changé. Changer n'est pas détruire. Faire du neuf, c'est trouver un
nouvel alliage du neuf et de l'ancien. La notion de tradition
suppose un rapport pacifié au passé, non indépassable mais relié de
façon vivante et organique au présent. Citons, pêle-mêle,
quelques-unes des doléances de l'A.: on remplace le mot péché par
le mot mal, gommant ainsi toute responsabilité personnelle; on
supprime la chasuble; on remplace le livre d'autel par un livret;
on lit les informations à l'ambon; on confond homélie des
funérailles et panégyrique du défunt; dans les chants, on évoque la
misère du monde plus que la joie de la Résurrection; on attend le
Royaume et on l'appelle de ses voeux alors qu'il est déjà présent;
on interroge Dieu… Il note fort justement: il faudrait des mélodies
différentes pour les différents temps de l'année liturgique. L'A.
se contente, nous dit-il, de poser un diagnostic et de dresser un
bilan, laissant à d'autres la charge de tirer des conclusions. Une
mine d'informations utiles et bienfaisantes, souvent fort justes et
parfois peu indulgentes. - P. Detienne sj