Sens et vérité en théologie. L'articulation du sens III

Jean Ladrière
Théologie - Recenseur : Jean Burton s.j.
Le titre du volume en indique bien l'espace épistémologique: sens, vérité et théologie. Après l'examen, dans le tome II, de «l'émergence de la signification», de la «signifiance à l'intérieur du dispositif» langagier, il est ici question du rapport «au domaine de réalité que la visée signifiante à en vue» (11), plus particulièrement, du rapport à la vérité, c.-à-d. «du statut de la relation qui s'établit… entre les propositions d'un discours et la réalité dont elles parlent» (13). On comprend immédiatement les questions épistémologiques que pose le discours théologique qui suppose «une démarche spécifique qui est celle de la foi prenant appui sur le langage en lequel cette démarche s'exprime» (12). Aussi, le recueil de textes s'organise logiquement en quatre parties: I. «La question de la vérité», II. «L'historicité de la théologie», III. «Théologie et science», IV «Théologie et philosophie». Un des points cardinaux touche à la vérité. D'autant plus que du point de vue théologique, «la vérité par excellence est en effet constituée par la révélation, et même, ultimement, elle est la Vérité subsistante qui est principe de la révélation». Il sera donc question ici de considérer corrélativement ce qui caractérise finalement l'instance jugeante, sa réceptivité («elle doit se fonder sur un moment intuitif») (14) et le mode de donation de la réalité visée (Révélation et, en contraste, manifestation).
Les développements du livre ne pouvaient faire abstraction du statut historique de la raison, et donc de l'historicité du discours théologique. Ainsi «la théologie est amenée à tenir compte, à titre essentiel, du thème de la modernité» (15). Dans le dernier de ces chapitres, l'A. propose une hypothèse «charnière» selon laquelle «la modernité s'est construite et continue à se construire selon un mode d'historicité de structure eschatologique». «Charnière», on le comprend, car il y va du statut épistémique du discours théologique qui doit être capable de «rendre compte de l'intelligibilité de la foi, fondement de l'intelligibilité propre de la théologie… et en même temps de rendre compte de la différence radicale qui sépare la structure eschatologique de la raison de la structure eschatologique de l'expérience chrétienne, à laquelle participe la théologie en tant que moment réflexif» (15).
L'historicité de la théologie examinée, l'auteur peut remplir son contrat en examinant les rapports entre la théologie et, respectivement, la science et la philosophie. Dialogue serré et fructueux où les trois disciplines méthodologiquement et radicalement différenciées, et pourtant en résonance, n'ont rien à craindre les unes des autres. On connaît la rigueur et l'écriture précise de la démonstration de Jean Ladrière. Sa lecture demande un effort certain, lumineusement récompensé et traversé d'une vraie joie de l'esprit. - J. Burton sj

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