Dans un premier chap., l’A. offre une présentation simple et soignée du contexte historique et théologique de Cyprien. Elle en dégage plusieurs spécificités des écrits de l’évêque africain. La 1^re tient sans doute au fait que les lettres constituent pour Cyprien un mode ordinaire de gouvernement pastoral, y compris en dehors des périodes d’exil. De là, la seconde caractéristique : on trouve chez lui, comme chez de nombreux Pères, dans la lecture de l’Écriture, à la fois la théologie et la pastorale. D’où l’intention de l’A. de dégager une exégèse pastorale dont l’un des principes 1^ers est la lecture unifiée de toute l’Écriture et l’inséparabilité des sens littéral et spirituel. De plus, la théologie de Cyprien se veut délibérément biblique, rejetant l’apport philosophique.

Dans les chapitres suivants, l’A. aborde différents thèmes pauliniens, donnant pour titre à chaque chapitre une parole de Paul : l’espérance ne déçoit pas ; le Christ a aimé l’Église ; soyez mes imitateurs ; un sacrifice qui plaise à Dieu. Elle étudie chaque thématique à travers les principales stratégies de lectures qu’elle a découvertes chez Cyprien : modèle, image, maxime, application concrète à une situation pastorale. Le tout est ressaisi dans un dernier chap. qui donne une vue d’ensemble non seulement de la lecture de Cyprien, mais du regard qu’il porte sur Paul et la manière dont l’apôtre lui-même peut être regardé comme modèle.

La présente lecture de Cyprien offre de multiples mérites. D’abord celui de la pédagogie. La lecture est aisée et le lecteur constamment guidé. En même temps, l’A. ne cède jamais à la simplification et replace fréquemment l’exégèse cyprienne dans son contexte, la comparant au besoin avec les autres pères africains. Il n’était pas aisé de tenter une vue d’ensemble qui respecte les méandres d’une pensée qui ne se veut jamais systématique et qui s’est déployée dans un contexte compliqué. L’A. y a admirablement réussi. — G. de Longcamp, csj