« Ressourcement » est une collection dont le titre évoque les « Recherche et Renouveau de la Pensée catholique ». Elle publie en effet des traductions d'oeuvres de théologiens (Lubac, Balthasar, Pieper, Benoît xvi, pour ne citer que quelques noms) ou écrivains catholiques (p. ex. Bernanos ou Claudel) destinées au « ressourcement » des lecteurs anglophones. Le titre et l'inspiration de ce volume sont résolument balthasariens et, cela va de soi, large allégeance est faite à Thomas d'Aquin. Tous les chap., sauf les 1er et 7e, sont des versions revisitées d'essais déjà publiés. Le travail se présente essentiellement comme une recherche de théologie fondamentale (Natural Theology) en cela même qu'elle fait appel, dans la 1re partie, à l'ouverture maximale (« catholique ») de la raison. Elle lui accorde une capacité d'accéder à la primauté (primacy) de la Beauté et de la reconnaître ; la centralité (centrality) de la Bonté se laisse ainsi « dramatiquement » surprendre par l'ultime (ultimacy) de la Vérité et, par là, lui permet de faire un saut raisonnable (the Leap of Reason) où l'amour ne la trompe pas et la conduit à un concept ouvert de la connaissance (a non possesive concept of Knowledge). Ce déploiement de la force et de l'ampleur de la raison défend une philosophie capable de résister au rationalisme de la première modernité et permet de penser dans toutes ses implications la question de la Création et de la causalité (les quatre causes) sur un fond d'admiration (wonder) que déjà Goethe appréciait comme « the highest that man can attain… » (p. 163). Les pages de cette partie offrent un dialogue critique important avec Heidegger (avec, p. ex., « Qu'est-ce que la métaphysique ? » de 1929 et autres textes), pour qui « Wonder » est essentiellement la « détresse de ne pas connaître une voie ni dans ni hors » et d'être enfermé dans le brouillard des étants (caught in the midst of beings, p. 170). Cette position ouvre la 3e partie du vol. : Dieu et la Raison. Il rencontre la « question de l'ontothéologie », traversant, à nouveau la position heideggerienne qui « libère » (freeing) la pensée de Dieu de celle de l'Être. L'examen de Hegel et de sa « réception rationnelle de la Révélation » conduit à une possible « redécouverte de la métaphysique » où l'auteur défend la visée d'une « apologie de la connaissance naturelle de Dieu ». Situant alors les « caractéristiques de chaque discipline » le concours de la philosophie et de la théologie est invoqué en vue d'un « modèle possible » de théologie naturelle thomiste. Se référant à Fides et ratio de Jean-Paul ii et aux diverses interventions de Benoît xvi, entre autres sources, l'auteur argumente en faveur d'une « intégration » catholique clairement critique dans le contexte de la modernité récente (Vattimo, p. ex.) tentée par une déconstruction et une utilisation « non confessante » du donné du christianisme propre à la post-modernité nihiliste et militante. La bibliographie abondante et surtout un index des noms et des thématiques associées permettront d'apprécier avec prudence la position stimulante de D.C. Schindler estimée parfois de « fidéiste ». Outre-Atlantique, elle sert, avec pertinence, la visée éditoriale de ce « ressourcement ». - J. Burton s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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