The « New Testament » as a Polemical Tool. Studies in Ancient Christian Anti-Jewish Rhetoric and Beliefs

(éd.) Riemer Roukema (éd.) Riemer Amirav
Histoire - Recenseur : Martine Dulaey
Quel usage les auteurs chrétiens ont-ils fait du NT dans leur affrontement avec le judaïsme ? L'ouvrage s'ouvre sur une copieuse et très utile présentation synthétique de la question (M. C. Albl, « Ancient Christian Authors on Jews and Judaism »). Pour les auteurs les plus anciens (Méliton, le Pseudo-Barnabé, Justin), les intervenants (H. Buchinger, J. C. Paget, W. Grünstaüdl) doivent d'abord traiter un problème, difficile et discuté : qu'est-ce que les auteurs dont ils traitent connaissaient d'un NT encore en gestation ? Et peut-on parler d'une « rhétorique antijuive » de la part de ces chrétiens, à une époque où la question de savoir si l'on a déjà affaire à deux blocs séparés reste objet de discussion ? À cela s'ajoute le fait qu'on ne sait pas toujours si l'auteur vise des juifs ou des chrétiens enclins à adopter des pratiques juives (J. C. Carleton Paget).
De l'article de H. Amirav et C. Hoogerwerf, on retiendra l'effort pour sauver le sermon Contre les Juifs de Jean Chrysostome en rappelant le rôle de l'invective dans la rhétorique ancienne, en fonction du public auquel on s'adressait. A. Massie montre que, chez Augustin, Jn 1,17 sert à établir qu'il n'y a pas de différence de nature entre la Loi et le don de la grâce en Jésus-Christ, mais la continuité de l'oeuvre de salut ; il répète aux manichéens qu'elle est bonne, et aux pélagiens que la non-reconnaissance du Christ par les juifs demeure un mystère qui manifeste la nécessité de la grâce pour accéder à la vérité. L'utilisation de la mise en garde de Jésus sur le levain des Pharisiens (Mt 16,6-12) ne jette aucune lumière sur les relations entre juifs et chrétiens, parce que, dans les cinq premiers siècles chrétiens, ces versets sont appliqués non aux juifs, mais aux déviances internes à l'Église (B. J. Matz). À propos de Mt 27,25, M. Meiser rappelle que nombre d'auteurs anciens ont vu dans la prise de Jérusalem de 70 et d'éventuelles persécutions plus tardives le châtiment justifié des crimes d'Israël envers les prophètes, qui culminent avec la mort de Jésus ; les Pères n'ont que très rarement opposé à ce verset les versets sur le pardon des ennemis, ou encore Ez 18, affirmant que les enfants ne paieront pas pour les fautes de leurs parents ; à ceux qui parlent du salut eschatologique d'Israël selon Rm 11 est reproché d'affirmer que c'est moyennant conversion au Christ. R. Roukema montre que, tout en partageant les idées de ses contemporains sur la chute de Jérusalem comme châtiment, Origène applique les textes du NT particulièrement critiques à l'égard des juifs aux responsables de l'Église aussi bien qu'aux contemporains du Christ ; et dans sa vision de la restauration finale dans l'apocatastase, la distinction entre juifs et chrétiens ne joue plus de rôle. Au total, l'ouvrage, qui ne pouvait que se concentrer sur quelques versets considérés comme caractéristiques ou jeter un regard d'ensemble sur des oeuvres abondantes, mais fondamentales, comme celles d'Origène et de Cyrille d'Alexandrie, brosse un tableau suggestif de la question. - M. Dulaey

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