Si on utilise aujourd'hui très souvent le terme
« théologie systématique » au lieu de
« théologie dogmatique » et
« théologie fondamentale », il tombe sous les sens
que le théologien protestant allemand auquel cette introduction est
dédiée aurait pu en être un des initiateurs. Son compagnon de route
catholique qui a été lui-même prof. de dogmatique à l'Univ. de
Wurtzbourg explique dans un 1er chap. la
compréhension de la « théologie systématique » qui est en
même temps le titre de l'oeuvre principale de Pannenberg (3 vol.,
trad. O. Riaudel et R. Chéno, Paris, Cerf, 2009-2013). Même si
le théologien de Munich († 2014) n'a pas donné une définition
du terme, sa dogmatique « constitue dans sa structure même un
système de connaissances concernant Dieu dans sa relation à ses
créatures, qui se présente comme un discours cohérent autour d'un
centre » (p. 26). Comme « théologien en
modernité » (chap. 2) il veut comprendre et expliquer la
foi avec la plus grande objectivité possible. De là son choix de
développer sa théologie à partir de l'historicité du christianisme
et de la personne de Jésus, mais aussi son dialogue avec la
philosophie (Helmuth Plessner, Arnold Gehlen) et les sciences
naturelles (les physiciens Carl-Friedrich von Weizsäcker et Hans
Peter Dürr). Et on trouve chez lui une grande ouverture pour
l'oecuménisme, notamment avec l'Église catholique. On voit très
clairement que la pensée de Pannenberg a été d'une certaine façon
aux antipodes de celle de Karl Barth et d'Eberhard Jüngel. Un
mérite de cette introduction consiste à montrer tous ces liens et
oppositions à partir de cette oeuvre clé de la théologie
protestante allemande du xxe s. Un autre
mérite est de combler une lacune : la pensée de Pannenberg
vaut la peine d'être découverte dans le monde francophone, aussi
par les théologiens catholiques. À côté de la « théologie
systématique », les grands livres sur l'anthropologie et la
philosophie des sciences de Pannenberg restent à découvrir. -
M. Kneer