Théologie et intelligence de la foi au XIIIe siècle
Henry Donneaud o.p.Théologie - Recenseur : Pascal Dasseleer
La démonstration de l'A. repose sur une étude rigoureuse et attentive de la manière dont Guillaume d'Auxerre, Hugues de Saint-Cher, Roland de Crémone, Alexandre de Halès, Robert Grosseteste, Richard Fishacre, Eudes Rigaud, Albert le Grand, Bonaventure et Thomas d'Aquin usent de ces termes. Il en ressort que, contrairement à ce que l'on continue souvent de penser à tort, les grands auteurs du XIIIème siècle sont demeurés fidèles au sens chrétien originel du mot theologia, tel qu'on le trouve dans la tradition patristique et dans l'oeuvre du Pseudo Denys. Lorsqu'ils traitent de la théologie selon l'acception moderne du mot, celle qu'ils produisent eux-mêmes, celle des théologiens, ils la désignent plutôt comme intelligence de la foi, probation de la foi, recherches théologiques, disputes magistrales, contemplation de la vérité dans les questions de la Sainte Écriture etc. Et ce n'est certes pas cette intelligence de la foi qui est selon eux nécessaire au salut de l'humanité mais bien la Parole de Dieu elle-même. Celle-ci est elle-même une science, précise saint Thomas, une science divine inspirée en nous par l'Esprit-Saint et qui suscite de l'intérieur la recherche de la raison humaine en quête de l'intelligence de ce qu'elle croit.
Henry Donneaud ajoute que les franciscains sont bien davantage que les dominicains responsables de la compréhension moderne de la théologie, comme discipline séparée, et il explique ce fait par la définition typiquement franciscaine de la Parole de Dieu comme doctrine pratique et affective, alors que Thomas y voyait au contraire une authentique science spéculative, participant directement de la science que Dieu a de Lui-même. - P. Dasseleer