Mesurer la pratique herméneutique de Thomas d'Aquin, et plus généralement du Moyen Âge, à l'aune de la recherche de Gadamer n'est ni une évidence, ni une opération simple. Pour ce faire, l'A. analyse en détail la notion thomasienne d'intentio auctoris. À travers cette thématique qui parcourt toute l'oeuvre de l'Aquinate, il semble, à première vue, possible de reconstituer un triangle herméneutique lecteur-texte-auteur.
Il faut reconnaître à cet ouvrage le mérite d'un travail patient. L'A. commence par analyser les quelque 8000 occurrences du vocable intentio, qu'il nommera intention herméneutique. Après la définition du champ lexical, il explore « quelques lieux où prend naissance le processus textuel d'interprétation », avant de regarder avec une acribie certaine le traitement que Thomas réserve à ses sources. Ainsi se trouve-t-on à pied d'oeuvre pour aborder la juste interprétation d'un texte (chap. 4) et pour définir dans un chapitre long et détaillé les différents critères herméneutiques.
Après ce travail patient et extrêmement respectueux de la pensée thomasienne, l'A. est forcé de reconnaître que la notion d'intentio auctoris est complexe et qu'elle revêt des caractères fort différents selon les textes où elle se trouve. Aussi doit-il dire dans sa conclusion que l'herméneutique médiévale échappe pour beaucoup à nos critères modernes. Ladite conclusion n'est pas d'ailleurs dénuée d'intérêt et arrive à ressaisir en quelques pages les résultats d'une étude longue, précise, mais jamais fastidieuse.
L'ouvrage est publié dans une coll. philosophique. C'est pourquoi le théologien, arrivé au terme de sa lecture, restera sur sa faim. L'herméneutique, prise en elle-même ne peut pas dire grand-chose de la démarche du théologien. Et c'est bien ce qui manque dans ce travail néanmoins magistral. On ne peut séparer la démarche herméneutique de la démarche scientifique dans laquelle elle s'inscrit, ici la théologie. En effet, le rapport du théologien-herméneute au texte est différent s'il s'agit du texte biblique, d'une autorité de l'Église ou d'une autorité profane, ou encore d'un théologien avec lequel il entrera en discussion. - G. de Longcamp c.s.j.

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