Durant la quinzaine d'années qui ont suivi la promulgation, en 726,
de l'édit de l'empereur byzantin Léon III ordonnant la destruction
des images religieuses (icônes, mosaïques, fresques), saint Jean de
Damas, moine arabe établi à Jérusalem, a écrit trois traités,
fortement interdépendants, contre les iconoclastes… et contre
l'empereur lui-même, dont il n'est pas sujet, qu'il accuse
d'usurper la charge épiscopale. La vénération (proskynèsis) peut
être d'adoration (latreia) ou simplement de respect (timè), comme
dans le cas de l'Arche d'Alliance ou du bâton d'Aaron. Le souvenir
vient non seulement de la parole mais aussi des images, qui sont
des livres pour les illettrés. L'honneur offert à l'image remonte
jusqu'à l'archétype: je ne vénère pas la matière (qui, au contraire
des assertions manichéennes, n'est pas méprisable puisque créée par
Dieu) mais je vénère le créateur de la matière qui lui-même est
devenu matière, en vue de mon salut. La loi mosaïque qui interdit
les images était adressée à un peuple infantile, instable, tenté
par l'idolâtrie. Nous ne faisons pas une image du Dieu invisible et
nous n'adorons pas les êtres humains que nous représentons, comme
le font les Grecs (hellên) idolâtres. Comment pourriez-vous nous
accuser de vénérer ceux qui vénèrent Dieu? Quant à la vénération de
la croix, des clous, de l'éponge etc., elle est inspirée d'une
tradition non écrite, comme la prière face à l'est et la triple
immersion du baptême. Chaque traité est complété par un florilège
de textes patristiques. L'ouvrage est dépourvu d'index biblique et
onomastique. Le traducteur, professeur d'études byzantines à
l'université de Durham, nous avertit qu'il a opté pour une
traduction plus accurate que literary. - P.
Detienne, S.J.