Ce ne sont pas des écrits intimes, c'est - à travers un entrelacs
de réflexions, souvent profondes et justes, parfois sévères, de
citations de bons auteurs (Thomas Merton, Jean Daniélou, Pie
Régamey, René Voillaume) et de notes de lecture (Métamorphose de la
littérature; Le crépuscule des mystiques) rédigées il y a quarante
ans (avant le Concile) par un moine cistercien de l'abbaye de
Sept-Fons, qui ne les destinait pas à la publication - une vibrante
apologie de la vie contemplative et de la vertu de religion: «Notre
objet à nous, moines, est plus exigeant que le vôtre, ô prêtres
séculiers» (p. 57). L'A. rappelle que la contemplation monastique
est bien différente de celle de l'Inde, qui est «orgueil égoïsme
vis-à-vis des autres» (p. 53); elle possède une utilité apostolique
de suppléance, qui s'étend à tous ceux qui «trouvent insatisfaisant
et vide leur paganisme, ou leur bouddhisme, ou leur mahométanisme»
(p. 46). L'ordre monastique, ajoute-t-il, ne nécessite pas de mise
à jour: son problème «n'est pas un problème d'adaptation, mais un
problème d'authenticité» (p. 129). Il est vrai que «même chez les
moines se sont infiltrées les notions de social, de communautaire,
d'équipe», mais Dieu permet leur totale stérilité (p. 108).
L'anthologie se ferme sur un excellent paradoxe: le moine n'est pas
dans le monde, mais il est du monde. - P. Detienne, S.J.