Un peuple unique pour le Dieu unique: «Israël». Consolez mon peuple

M.-Th. Huguet ov
Religions - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
L'histoire des relations entre l'Église et Israël est complexe et douloureuse. Des siècles de pensée déformée ont forgé nos mentalités chrétiennes, que le concile a commencé à redresser. Le pèlerinage de Jean-Paul II en Terre Sainte et sa demande de pardon ont touché les coeurs, mais 17 siècles de «tradition» seront longs à corriger.
Au début, la Synagogue persécute les chrétiens, les exclut en 80 et pousse l'Empire romain à les persécuter. Avec l'empereur Constantin, la situation se retourne et les chrétiens deviennent persécuteurs des «juifs déicides», qui auraient perdu leur qualité de «peuple élu» au profit des chrétiens. Les croisades réveillent les persécutions dans toute l'Europe avec des hauts et des bas jusqu'au XXe s., préparant ainsi le terreau au nazisme et à la shoah, où nous avons une responsablité indirecte. L'Église a laissé régner des doctrines fausses sur le rejet d'Israël par Dieu. Or depuis l'époque de saint Paul et pendant un siècle environ, l'Église a compté deux branches, l'une juive et l'autre «païenne», les deux vivant côte à côte. Vatican II a opéré une correction spectaculaire sur ce sujet et les papes ont continué en renouant péniblement les liens rompus. C'est pourquoi il faudra revenir souvent sur ce thème pour renouveler les idées des chrétiens déformées par une instruction «traditionnelle».
Professeur de philosophie, Marie-Thérèse Huguet a vécu un an en Pologne et dans un kibboutz en Israël et a reçu le prix 1997 de la Réconciliation entre juifs et chrétiens. Elle reproduit ici une oeuvre publiée en 1998 dans un ouvrage collectif sur l'oecuménisme et s'inspire fort de la pensée de J.M. Garrigues. Le titre dit nettement le sujet: il n'y a eu et il n'y a encore aujourd'hui qu'un seul «peuple de Dieu» avec diverses composantes. Israël n'a jamais été rejeté par Dieu. Saint Paul l'avait bien affirmé dans l'épître aux Romains 11, mais on semblait l'avoir oublié et même de fameux Pères de l'Église ont versé dans cette erreur. Certes, Jésus a apporté une nouveauté radicale, mais dans la continuité. La judéité est une composante essentielle de la catholicité de l'Église. Les «juifs messianiques» nous le rappellent aujourd'hui: ils acceptent Jésus et le N.T., mais refusent de se diluer dans nos Églises. Nous devons aller vers un «oecuménisme du plus grand dénominateur commun» fondé sur la vérité. Ce sera difficile, mais il faut prier, car Dieu seul peut nous accorder cette grâce. Pour notre part, nous avons à favoriser «une spiritualité de communion par l'attention, l'amitié, la capacité de voir le positif chez l'autre et de le valoriser», comme a dit Jean-Paul II.
Ouvrage bien utile qui vient réveiller notre attention bienveillante au peuple juif par-delà toutes les critiques possibles sur les questions politiques actuelles. - B. Clarot, S.J.

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