Dans cette thèse soutenue à l’Institut biblique pontifical, Francesco Bargellini s’attaque au thème bien connu de la « fierté » censuré par saint Paul (cf. 1 Co 1,29 ; Rm 2,17-24). Deux interprétations s’affrontent : the Old Perspective qui est anthropologique ; the New Perspective qui est ethnocentrique. Pour trancher cette question, l’A. interprète la fierté à partir de deux autres : l’idolâtrie et le cœur obstiné, qui est une variante du cœur endurci et divisé. Et, pour analyser cette corrélation, il remonte au texte source de ce travail, décrivant « celui qui se bénit lui-même en son cœur » : en me fondant sur « l’assurance de mon propre sens [se dit-il], je ne manquerai de rien » (Dt 29,18). Afin de garantir l’impunité et sauver de toute menace, la Loi devient « une sorte de fétiche » et la fierté de celle-ci un substitut de « l’adhésion à Dieu » (p. 255). Un tel cœur transforme dès lors le bien qu’est la Torah en idole (dont le veau d’or est la figure emblématique). Ainsi, le cœur obstiné dans l’idolâtrie est la face intérieure et la source de la fierté orgueilleuse qui en est le signe extérieur (« le chiffre ») et l’effet. Ainsi, sans nier l’apport de la New Perspective, l’ancienne garde donc toute sa valeur. Pour établir son propos, l’A. analyse le susdit passage du Dt (chap. 1), puis la thématique de l’« obstination du cœur » en Jr (chap. 2), dans les documents de Qumran (chap. 3) et la littérature intertestamentaire (chap. 4). Il est alors à même de détailler le thème de la fierté idolâtrique dans les lettres pauliniennes (chap. 5).

Mais l’homme ne peut de lui-même guérir de cette « sclérocardie ». Ainsi, après être remonté à la cause, Paul propose un remède qui est l’autre fierté : non plus anthropocentrique et négative, mais théocentrique (christique et pneumatique) et positive de celui qui met son « orgueil dans le Seigneur ».

Si le texte noue très fortement et précisément l’obstination du cœur et la fierté négative comme le fond et sa nécessaire expression, en revanche, l’idolâtrie qui se donne comme un troisième terme apparaît plutôt comme une explicitation du premier, le cœur incirconcis. — P. Ide