Variations sur Dieu. Langages, silences, pratiques

(éd.) François Coppens
Théologie - Recenseur : Paul Lebeau s.j.
Ce nouvel ouvrage collectif du Séminaire pluridisciplinaire des Facultés Universitaires Saint-Louis de Bruxelles fait honneur, une fois de plus, à ses initiateurs. Il s'ouvre par cette question préliminaire: D'un effacement de la question de Dieu? Les experts en psychologie religieuse vont dans le sens d'une «recomposition» plutôt que d'une extinction du religieux. Après avoir remarquablement situé les différentes perspectives où se posent la question de Dieu, G. de Stexhe termine son parcours par une évocation du dogme trinitaire, qui, note-t-il avec pertinence, peut stimuler l'aventure et l'ouverture sur son autre d'une humanité - historique, sociale, personnelle - qui renonce à boucler sur elle-même, et «qui place son espérance dans le jeu infini des altérations plutôt que dans la violence des identifications mortifères de soi-même».
Avec l'acribie qu'on lui connaît, A.M. Reijnen examine ensuite «le paradoxe du statut d'une tradition religieuse, le judaïsme, au sein de la conscience collective de l'Occident». Ce paradoxe constitue «la substance de l'ouvrage d'un auteur juif d'origine algérienne, S. Trigano, La Demeure oubliée (1984). Le Prof. Reijnen se réfère également au recueil publié en 1962 par A. Neher sous le titre L'existence juive. Solitude et affrontement: «Et si le silence de Dieu de nos jours avait partie liée avec le silence sur «la source juive de notre civilisation?».
Seconde étape du Séminaire: Théologie et philosophie (ou sciences) de la religion: quelle articulation? Pour surmonter «la tension entre l'esprit grec et l'esprit juif», J. Reding propose une réflexion sur le «dogme» catholique comme «grammaire d'Agapè»: «La tradition catholique est-elle à même d'engendrer une dynamique d'écart critique et poétique au coeur de l'histoire contemporaine, et non dans une position de surplomb?». Et Reding de conclure: «La mémoire de la Tradition doctrinale ouvre d'intéressantes hypothèses de recherche pour une culture à prétention démocratique qui souhaite devenir ou rester une culture de débat». Le théologien protestant Pierre Gisel présente, quant à lui, «la théologie comme intelligibilité du croire. Son statut, sa condition, sa portée». Ce que spécifie Fr. Jacques dans son intervention: «Après la mort de Dieu (cf. Nietzsche). Pour une théologie en interrogation». En se réclamant de Tillich et de J. Doré, il propose de «mettre en partenariat privilégié une philosophie de l'interrogation et une théologie en interrogation». Ce qu'éclaire à sa manière la contribution d'Hubert Jacobs sj, vue d'ensemble sur «la question de l'Un dans la pensée grecque».
Troisième étape: «Regards croisés sur quelques nominations de Dieu»: «Entre Absolu et infini» (R. Draï); la Révélation et de Droit (Ed. Ortigues); «Penser à Dieu d'après Lévinas» (R. Burggraeve); «La fonction du nom du père chez Lacan» (J. Florence); «Autour de la nomination biblique de Dieu» (B. Van Meenen). «Les jeux de langage comme ressource /ou pièges pour la question de Dieu» (Marie Vidal). Florence Hosteau: «La manifestation de Dieu à travers le langage poïétique de l'expérience religieuse». La québécoise Alexandra Pleshoyano présente ensuite «L'autobiographie et le journal intime comme contemplation rétrospective de Dieu», dont elle suggère, non sans fondements, des vérifications chez Etty Hillesum et Ignace de Loyola. Enfin, Jean-François Grégoire s'interroge sur «la relation entre Dieu et la littérature», ainsi que l'évoque le récent ouvrage de R.Calasso, La littérature et les dieux, Gallimard, 2001. - P. Lebeau sj

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