Élisabeth (1129-1165), bénédictine à Schönau, amie et
correspondante de la bienheureuse Hildegarde de Bingen, livre ici,
tout en ayant peur d'être raillée, le récit de cinq années
d'extases et de visions (1152-1156) inscrites dans le cadre de
l'année liturgique. Elle converse avec le saint du jour qui répond
aux questions (qu'est-ce que le troisième ciel? Lucifer a-t-il
chuté dès sa création?…) qu'elle lui pose, sur le conseil de son
frère Eckbert, son directeur spirituel, co-auteur du texte qu'il
enrichit de notes biographiques et de précisions théologiques.
Feuilletons-en quelques pages. Le Christ apparaît sous l'aspect
d'une vierge. Dieu a quatre ailes: grâce, justice, vérité,
jugement. La Vierge, âgée de quinze ans et demi à l'annonciation,
est décédée le 15 août et ressuscitée le 23 septembre, un an après
l'ascension du Christ. Les grecs qui s'obstinent à nier le filioque
ne peuvent être sauvés. La punition d'Origène n'est pas très
lourde. Au baptême, chaque homme reçoit deux anges, l'un bon,
l'autre mauvais. Certains anges gardiens reprennent du service
après le décès de leur protégé. Les prières pour les défunts sont
efficaces; les saints intercèdent pour nous. Le Seigneur se plaint:
L'Église est desséchée; mon peuple est mal disposé envers Moi; mes
pasteurs sont appesantis; il porte un jugement sévère sur les
prêtres simoniaques et sur les abominables cathares… Élégante
traduction de J.P. Troadec. - P. Detienne sj