Spécialiste de l'étude des premiers temps du christianisme, Gerd
Theissen a consacré en 2007 un gros volume au vécu et au
comportement des premiers chrétiens. C'est ce volume qui paraît
maintenant, trois ans plus tard, en traduction italienne. On a
affaire à ce que l'A. appelle «une psychologie du christianisme des
origines». On ne résume évidemment pas en quelques lignes une
oeuvre qui compte plus de 600 pages.Le but que se propose l'A. est
de décrire, classifier, interpréter et, dans les limites du
possible, expliquer le vécu et le comportement des premiers
chrétiens. Cinq idées lui servent de guides dans l'exécution de ce
projet:1. En «inventant l'homme intérieur» avec un centre personnel
unitaire, la religion est une forme d'auto-exploration humaine.
Elle a mis en lumière, dans le christianisme des origines, le
potentiel de transformation enfermé en l'être humain et lui a
dévoilé des profondeurs inconnues inscrites en son intimité.2. La
religion se caractérise par quatre facteurs: a) expérience et vécu;
b) mythe et doctrine; c) rite et communauté; d) éthos et praxis.
Dans les grandes religions, ces secteurs de la vie sont organisés
unitairement, et ils furent réorganisés dans le christianisme des
origines.3. Dans ces 4 secteurs, le comportement et le vécu
religieux se présentent, au sein du christianisme des origines,
comme à deux degrés: comme religiosité normale et comme
religiosité-limite.4. Les expériences d'une irruption envahissante
vont, chez les chrétiens des origines, dans la direction d'un
radicalisme prophétique qui communique, à travers le message, la
certitude d'un devoir à remplir.5. La figure du Christ, dans la
religion chrétienne à ses débuts, est la force qui intègre de
manière décisive, en offrant son fondement à l'expérience, au
mythe, au rite et à l'éthos. - S. Decloux sj