Aujourd’hui, il y a un réel engouement pour la vulnérabilité ; dans les journaux, les publications scientifiques, en droit comme en politique, ce concept fait irruption dans les discours académiques avec une variété d’approche et de polysémie. Ce livre présente les fruits d’un colloque interdisciplinaire sur la vulnérabilité. Au fil des chap., théologiens, philosophes, juristes, sociologues, politistes et historiens proposent un regard critique sur le surgissement de cette notion tant dans le domaine social que dans le champ des disciplines académiques, tant au niveau des individus que des institutions. On notera cependant le faible apport anthropologique. Au terme de ce parcours interdisciplinaire, trois aspects importants de cette étude croisée sont mis en évidence. Tout d’abord la terminologie de la vulnérabilité est souvent arbitraire : tantôt négative, tantôt positive. Une ambiguïté demeure et nous devons l’accepter. Les interventions font émerger une vision surtout négative de la vulnérabilité humaine.

Cette réflexion sur la vulnérabilité amène non seulement à croiser les intuitions propres aux différents champs de recherche, mais aussi à penser l’interdisciplinarité de manière différente. Progressivement un lieu commun émerge et laisse envisager la vulnérabilité comme « l’expression de la plasticité d’un système ». Elle est comme un chemin positif de transformation qui accepte les épreuves pour susciter des adaptations et travailler une robustesse dans la souplesse. La vulnérabilité est nécessairement relationnelle ; elle ne peut se penser et se vivre sans l’autre. Elle engage à chercher l’unité dans la différence, à penser autrement l’autonomie, à intégrer positivement la complexité de notre monde. Vivre avec la vulnérabilité c’est choisir un chemin exposé aux erreurs et à la fragilité mais c’est aussi respecter le bien commun et la singularité incompressible des individus. — C. Scrive f.m.j.