« Panikkar est-il le héraut d'une nouvelle conscience
religieuse ou le fidèle fils de l'Église - ou les deux ?
Est-il un sage spirituel postchrétien, un brillant intellectuel de
l'époque pluraliste, ou un théologien chrétien ? » C'est
bien l'oeuvre du théologien chrétien, surtout sa christologie et sa
théologie des religions, qui est ici exposée et critiquée, avec
bienveillance mais sans faiblesse. Deux théologiens se répartissent
les chap. : un catholique de Nouvelle-Zélande (E.R.) et un
anglican évangélique des États-Unis (B.R.). Le premier, se fondant
sur des écrits des années 1950 et 1960, parfois fort peu connus,
montre la tension croissante entre, d'une part, une conception
davantage ancrée dans la Bible et attentive à l'histoire du salut,
et, d'autre part, une christologie cosmique qui porte l'empreinte
de la non-dualité hindoue et tend vers une théologie des religions
« pluraliste ». L'analyse est éclairante, même si on peut
regretter que le genre littéraire de chaque oeuvre ne soit pas
davantage pris en compte : une anthologie de textes védiques à
l'attention d'un large public cultivé n'est pas un traité de
théologie catholique. B.R. examine à son tour le christocentrisme
de P., sa pente holistique et immanentiste, ainsi qu'une série
de conséquences ou de corollaires dans divers domaines de sa
théologie. Tout en appréciant les ouvertures vigoureuses de P., il
émet des réserves : l'accent sur le Christ-Logos au détriment
du Jésus historique, l'articulation entre particularité et
universalité. Dans une conclusion partagée, les deux auteurs
reviennent, avec nuance, sur quelques points critiques :
faiblesse de la sotériologie, tendances idéalisantes…
La collaboration de deux auteurs de générations et de sensibilités
différentes présente des avantages : chacun apporte son regard
et sa tradition, relançant ainsi la réflexion de l'autre. La
formule entraîne aussi quelques inconvénients : des redites et
un certain morcellement dans la présentation puis l'évaluation
critique des « mérites et ambiguïtés » de P. -
J. Scheuer s.j.