Le jésuite français Gaël Giraud salue dans sa préface la trad. de
cet ouvrage, paru en 2002 aux États-Unis, du jésuite américain
David Hollenbach, prof. de théol. morale à Georgetown. La notion
de bien commun tend à s'éclipser de nos jours,
puisque chaque individu d'abord, chaque nation ensuite, a tendance
à se replier sur ses intérêts propres, laissant à autrui le soin de
régler les siens. Pour montrer l'impasse dans laquelle mène cette
tradition libérale de la tolérance, l'A. expose le double problème
de la pauvreté urbaine et des inégalités entre nations, dont notre
monde ne sortira que par la participation résolue de tous à la
formation et au partage d'un même bien. Il dépend de nous, en
effet, que les interactions, toujours présentes, entre les
quartiers d'une même ville ou les nations d'un même univers,
tournent à la production, soit d'un mal commun où règnent
domination et discrimination, soit d'un bien commun, fait de
dignité et d'inclusion. Pour faire basculer les choix du côté
positif, aucune énergie n'est de trop. D'où la proposition que fait
l'A. de considérer à nouveau la pertinence de la tradition
chrétienne, présentée comme une sorte de troisième voie entre le
libéralisme procédural et la clôture communautariste, pour donner
le goût de poursuivre à nouveau le bien commun. Non pas qu'il
faille rêver d'un régime néo-médiéval de chrétienté, puisque nos
sociétés sont devenues résolument pluralistes, mais l'espérance
chrétienne d'un Royaume à venir permet, à la fois, d'éviter
l'idolâtrie qui croit pouvoir absolutiser une quelconque forme
humaine de justice, et de mobiliser les forces qui, dans la ville
et dans le monde, se joindront pour que la dignité de tous les
humains soit davantage respectée. Bibliographie fournie et index
enrichissent cet ouvrage de belle facture. -
X. Dijon s.j.