Ce livre à trois voix cherche à dire une conviction partagée,
d'ailleurs exprimée davantage par son sous-titre que par son
titre : pour dire Dieu dans nos sociétés sécularisées, les
chrétiens doivent privilégier l'humanité qu'ils partagent avec les
autres humains. Non pas que la foi chrétienne ne connaîtrait aucune
transcendance par rapport au commun des mortels, mais, pour que
l'objet de la foi reste audible, il importe que le discours
dogmatique soit d'abord une parole insérée dans la relation. On
reconnaît ici non seulement, dans l'actualité, l'insistance
pastorale du pape François, mais encore, dans toute la Tradition,
l'originalité du Dieu qui vient à l'homme par l'Incarnation. Tandis
que Mgr Claude Dagens réfléchit sur les figures de vie et de
mort pour montrer à quel point l'Évangile les transfigure,
Guy Coq s'appuie sur les écrits d'Emmanuel Mounier et de
Maurice Bellet, ainsi que sur les analyses de Marcel Gauchet, pour
présenter un modèle d'Église qui ne soit ni de chrétienté, ni de
contre-culture, mais de transformation interne de la société,
laquelle a tout à gagner d'un appel à la fraternité et à la
mémoire. Quant à Emmanuel Falque, il part aussi du présupposé
favorable envers le vécu du monde à partir duquel il faut cheminer,
comme sur la route d'Emmaüs. On retiendra surtout ses fortes pages
où la référence au Dieu trinitaire permet, dans un monde qui
proclame la mort de Dieu (et pas seulement du Fils), de reconnaître
toute l'épaisseur du monde : dans la faiblesse de l'homme, la
force de l'Esprit ; dans la chair vécue, le corps souffrant du
Christ ; dans l'offrande de l'animalité au Père, la victoire
contre la bestialité. À lire par tous ceux qui aiment, à la fois,
Dieu et le monde. - X. Dijon s.j.