Issu d'un cours donné au collège des Bernardins, l'ouvrage entend
amener le lecteur, par le parcours d'une tranche de l'histoire
moderne, à l'inéluctabilité d'un choix concernant la trilogie
fondamentale de Dieu, du corps et de l'humanité. La période choisie
va de 1619 (exécution pour athéisme du prêtre G.C. Vanini) à 1729
(publication du Mémoire de l'abbé Jean Meslier, lui aussi
convaincu d'athéisme). La première partie de l'ouvrage donne le
contexte de ce xviie s., «un monde en feu», afin de mettre en place
les éléments (la rationalité, les guerres, le corps, la foi,
l'athéisme) que la 2de partie reprendra dans l'examen des
différents philosophes: Descartes (1re puis 2e manières),
Malebranche, Hobbes, Spinoza, Locke, Berkeley… Nourri par le
courant phénoménologique, en particulier les travaux de Michel
Henry à propos de la différence entre le corps (en 3e
personne) et la chair (en 1re personne), comme aussi par
la dialectique du p. G. Fessard sur le rapport immédiat au Verbe
en-deçà des rationalismes modernes, l'abbé Villemot montre que la
façon dont les philosophes lisent la condition corporelle, d'une
part, Dieu, d'autre part, se déterminent réciproquement. Rappelant
son choix personnel de prof. de philosophie, en même temps
qu'aumônier d'hôpital et adorateur du Sacré-Coeur, l'A. nous invite
à confesser que la chair du Verbe est le lieu obligé de la
reconnaissance, à la fois de Dieu qui se révèle en-deçà des
représentations que l'homme s'en donne, et de l'homme en sa propre
chair pathétique. Les détours empruntés par les philosophes de la
période étudiée pour mettre ensemble la connaissance sensible et la
vérité divine (ai-je un corps?; la Foi dans les corps, mon corps
pense; Dieu est un corps; qu'il nous faut une chair; seuls les
athées pensent avoir un corps…) conduisent, par leurs diverses
impasses, à donner raison à la piété populaire qui fait acte de
liberté en cherchant la communion au Coeur de Jésus. La
démonstration demanderait sans doute des développements plus étayés
(en particulier sur le rapprochement du 2e Descartes et de la piété
populaire), mais l'intuition qui traverse tout l'ouvrage
intéressera plus d'un lecteur. - X. Dijon sj