Il faut sans doute une certaine audace ou une bonne dose de naïveté
pour revenir une fois encore sur ces pages apparemment si connues
qui ouvrent la Bible et pour en proposer un commentaire. Il faut
aussi, peut-être, la maturité d'un Jean L'Hour (né en 1932 ;
on se souvient encore de La morale de l'alliance,
Paris, Gabalda, 1966) et sa familiarité avec les Écritures pour
retraverser, à frais nouveaux, ces textes fondateurs. Si la
publication présente a bénéficié des travaux préparatoires de
l'A. (le Cahiers Évangile 161 sur Gn 1-11
en 2012 ; une étude sur
« Ré'shit et beré'shît » dans
la Revue Biblique en 2010), elle s'appuie aussi
sur les travaux exégétiques les plus récents (la bibliogr. de
16 p. et de près de 300 titres recense des références jusqu'en
2015). Après une présentation des cosmogonies mésopotamiennes,
égyptiennes, et des mythes cananéens (chap. 1 :
« L'environnement culturel : un défi stimulant »,
p. 11-23), l'A. fait le point sur l'histoire de l'exégèse
(chap. 2 : « La genèse de Genèse 1 »,
p. 25-35) et présente les principales « caractéristiques
littéraires » du chap. étudié (chap. 3, p. 37-51).
Le commentaire proprement dit se déploie des chap. 4 à 12
(p. 53-217) et - sauf pour les v. 1 et 2 qui ont
droit à un développement spécifique (chap. 4 : « Dieu à
l'origine de tout » ; chap. 5 : « Le chaos
primordial ») - il suit la répartition des jours. Dans ce
commentaire minutieux et précis (22 p. pour le seul v. 1,
46 p. pour le 6e jour), il est difficile de ne
pas trouver ce que l'on cherche, en matière de philologie, de
critique textuelle et littéraire, d'analyse structurelle,
d'intertextualité, et d'interprétation. Même si - comme le dit
J. L'Hour - « le terme de « conclusion »
convient mal à un texte de « commencement » qui, par
définition, n'a jamais fini de parler » (p. 219), le
chap. final (« Conclusions : Une oeuvre littéraire,
théologique et confessante », p. 219-244) met bien en
lumière, tout à la fois, l'éternelle actualité de cette page
biblique, l'originalité et la créativité de son (ses) auteur(s)
ainsi que les options exégétiques et théologiques de son
interprète. - D. Luciani