Situé dans le sillage des oeuvres de l'abbé Henri Stéphane, de Jean
Borella et François Chenique, qu'il cite abondamment, l'ouvrage
expose en trois parties, les mystères de la Trinité, de la
Théotokos, enfin du Christ, «dans et hors du christianisme, dans et
au-delà des religions». L'exposé des mystères chrétiens en
constitue la colonne vertébrale et manifeste que «le
christianisme…dispose à lui seul de toute la métaphysique
nécessaire et suffisante…» (15). Les autres traditions (les
principales sont énumérées dans le sous-titre) ne sont donc pas
exposées pour elles-mêmes, mais contraintes de se plier au projet
et au plan d'ensemble; l'auteur cependant tente constamment d'y
repérer, par delà des ressemblances ou différences de surface, les
enseignements fondamentaux (illustrés par de brèves citations) afin
de les mettre en «résonance» avec la conception chrétienne. Chemin
faisant, outre les auteurs déjà mentionnés, l'ouvrage cite
(«collecte») également de fort beaux extraits de figures de la
pensée chrétienne (Denys l'Aréopagite, Thomas d'Aquin, Eckhart,
Nicolas de Cues, Angelus Silesius, Evdokimov, Lossky…) ainsi que de
René Guénon et Frithjof Schuon. Dans une longue postface (255-279),
J. Borella, tout en se démarquant des deux derniers nommés,
reprend, d'un point de vue chrétien, la problématique de la
diversité et de l'unité des religions.
Définissant clairement des termes tels que syncrétisme, amalgame,
synthèse ou encore exotérique et ésotérique, l'auteur se montre
attentif à distinguer autant qu'à articuler (à l'aide de nombreux
schémas) Révélation, dogme, théologie, métaphysique, gnose… Plus
d'un lecteur, cependant, décontenancé notamment par la place
qu'occupe la Théotokos (2e partie, pp. 99-158), pourra s'interroger
sur les rapports entre récit biblique, langage de la symbolique
(féminine, réceptive, virginale et maternelle en l'occurrence: «les
équivalences symboliques de Maria, Mater, Materia et matrice»),
élaboration métaphysique et «gnose» ou théologie mystique. - J.
Scheuer sj