En ce temps où l'Église catholique commémore l'événement décisif
du concile Vatican ii, on est surpris, en les relisant,
par la force prophétique de quelques documents dont l'acuité ne se
dévoile qu'aujourd'hui, et particulièrement en Europe, à l'exemple
du 3e chap. de la Déclaration sur les relations de
l'Église avec les religions non-chrétiennes et
ses conséquences pour le dialogue islamo-chrétien. On est
surpris de voir comment ce document met en lumière des éléments
d'une foi commune entre musulmans et chrétiens. Telle est la
question abordée dans cet ouvrage dont l'A. est le directeur actuel
de l'istr de l'Institut cath. de Paris et qui a soutenu sa
thèse sur la pensée du théologien musulman médiéval Al-Ghazali.
Cependant, ce livre ne porte pas en premier lieu sur le
Concile mais sur la pensée d'un confrère de l'A. qui a été un des
pionniers du dialogue islamo-chrétien, le p. Georges Chehata
Anawati o.p. (1905-1994). Ce livre bien structuré nous introduit
non seulement dans un débat théorique mais aussi dans une
controverse historique qu'on peut nommer la controverse de 1978
entre le p. Anawati et un savant de l'université Al-Azhar au
Caire, le Dr Abd al-Fattah Abdallah Baraka : les textes d'une
conférence du premier sur la foi commune et la vive réponse de
l'autre nous sont donnés dans une 1re partie. Dans
une 2de partie, l'A. dresse le contexte historique
et théologique du débat. On peut se demander comment le
p. Anawati a pu tomber dans ce nid de guêpes. L'A. nous donne
une clef de compréhension : le grand but de son confrère
a été de dégager la foi commune comme fondement pour un humanisme
religieux soutenu par les chrétiens et les musulmans. Mais il
montre aussi qu'on ne peut pas parler d'une foi commune des
musulmans et des chrétiens, car chaque religion a sa spécificité
irréductible (p. ex. la sémantique d'un Dieu trinitaire et
celle d'un Dieu unique). En rappelant la finalité inhérente, une
vision humaniste et théocentrique commune de l'être humain, l'A.
énonce aussi les ambiguïtés du discours sur la foi commune. Et en
tenant le cap de son confrère pour un vrai dialogue islamo-chrétien
au service de la compréhension réciproque et de la paix, il propose
un autre discours, un discours qui élémentarise les grands concepts
théologiques. Et les précise. Un chemin à
suivre ! - M. Kneer