Il peut être étonnant, à première vue, de trouver dans la
bibliographie de l'A. la trace de son attention perspicace au
«discernement spirituel» jusqu'au coeur d'un roman d'Henry James:
La fêlure dans la coupe. Le processus de discernement dans
«La Coupe d'Or» (2000)! La réalité que l'on qualifie de
«discernement» est au coeur de toute vie. Qu'elle le sache ou non,
elle est «spirituelle». C'est à repérer et à analyser ce «travail
spirituel» que ce livre introduit. La compétence de l'A. en matière
de patristique suggérait une approche historique. Le 1er
chap. met en place le vocabulaire distinguant et corrélant le
travail de la conscience profonde de notre libre arbitre, en vertu
de notre création. Puis est abordée la recherche de «ce qui plaît»
(Rm 12, 1-2) à Dieu, discerné par la liberté en Christ. Cette
précision acquise, nous sommes d'abord instruits par Philon
d'Alexandrie (dont notre A. est spécialiste), pour ensuite suivre
les nuances et le développement apportés par une tradition
apportant sans cesse «du nouveau de l'ancien». on rencontrera,
entre autres, Hermas, Origène, l'apport du milieu érémitique et de
l'occident chrétien (Cassien, Augustin, Catherine de Sienne), pour
s'arrêter - cela s'imposait - à Ignace de Loyola. Il est
intéressant, enfin, de voir cités à la barre des témoins les écrits
de Bonhoeffer où autorité et obéissance sont dramatiquement au
coeur de son martyre. Il était juste de s'interroger là à propos de
«l'obéissance du Christ à son Père» avec cette question: peut-on
trouver deux volontés dans le Christ? On reviendra avec Ignace à la
considération du temps (de l'élection) «lieu de conversion et de
Grâce». En tous points, un livre aux nombreuses références qui
tient les promesses de son titre. - J. Burton sj