Un grand livre du prêtre théologien anglais, bien connu en
Amérique, enseignant au Brésil après une brillante formation chez
les dominicains (Oxford) et les jésuites (Belo Horizonte). De ses
nombreux ouvrages, c'est le premier traduit en français par F.
Rosso, et publié grâce à un généreux subside alloué par la
fondation Raven (Illinois, USA). Il le mérite bien, car la vision à
la fois traditionnelle et novatrice qu'il présente ici permettra à
de nombreux lecteurs francophones de la vieille Europe de mieux
comprendre la notion de péché originel. L'A. fait appel à la
«théorie mimétique» développée par René Girard, qu'il a
parfaitement assimilée et conduite à un niveau de réflexion et de
vérification que n'avait pas réalisé son maître. Lui-même le
reconnaît dans la préface du livre.Trois parties composent l'étude.
La 1ère s'attache à fonder, à partir des travaux de R. Girard, une
anthropologie théologique susceptible d'expliciter le dogme
chrétien du péché originel en rapport avec la théologie trinitaire,
la christologie, la foi et la conversion, et de présenter une
sotériologie faisant droit à l'intelligence de la victime et au
dépassement par l'acte du Christ de tous les sacrifices anciens,
comme l'exprime la lettre aux Hébreux. Ayant posé la réalité du
pardon originel, l'A. développe dans une 2e partie comment, à la
suite de Jean et de Paul parlant de la résurrection du Christ, se
révèlent la nature du péché originel et son dépassement ecclésial.
Il poursuit en traitant de la Trinité et de la création, de
l'espérance et de la concupiscence, et il réimagine le symbole du
péché originel comme «mystère de la cécité» en discussion avec les
théologiens modernes comme K. Rahner, L. Boff ou P. Richard. Reste
une 3e partie conclusive montrant comment son explication rejoint
«ce que croit l'Église», notamment avec Augustin et Thomas qui
viennent appuyer son orthodoxie théologique.Ce livre important
marquera dans l'histoire de la théologie du péché originel;
conjointement à l'ouvrage de J.-L. Maldamé (cf. NRT 131 [2009] 495)
qui représente une tout autre approche. Les professeurs de
théologie et leurs étudiants auront à coeur de l'étudier et
d'apprécier ses démonstrations, et les lecteurs avertis se
réjouiront à leur tour de sa lumineuse interprétation. Espérons que
d'autres livres de l'A. trouveront des traducteurs et des éditeurs
francophones. - J. Radermakers sj