Le sous-titre de cet ouvrage - étude des deux théophanies sur
le Carmel - nous introduit à son enjeu : relier la
rencontre entre Élie et Achab, dont la conséquence est la
confrontation entre Élie et les prophètes de Baal
(1 R 18,17-40), avec l'arrivée de la pluie mettant fin à
la sécheresse (1 R 18,41-45). Ce lien est d'autant plus
important à montrer que la rencontre elle-même
(1 R 18,17-18) a précédemment été délaissée au profit de
la spectaculaire scène de confrontation entre Yhwh et
Baal. Pour ce faire, l'A., prof. d'AT à l'Univ. de Kaslik (Liban),
étudie la racine 'aḵar qui désigne non seulement
une situation perturbée mais aussi son traitement ; elle
constitue le noyau des accusations mutuelles entre Achab et Élie et
permet de comprendre l'épisode en son ensemble : le vrai
perturbateur d'Israël n'est pas Élie, mais Achab. La dynastie
d'Omri - « la maison de ton père », dit Élie à Achab
en 18,18 - a provoqué la transmission de Baal, d'Israël en
Juda, et donc la chute d'Israël et de Juda. C'est ainsi que les
deux théophanies de Yhwh par le feu et par « la
voix » de la pluie ont pour but de convertir le peuple et
Achab à Yhwh. « L'échec de la conversion
à Yhwh annoncera l'arrivée du malheur qui anéantira
Israël et Juda. Si Jéroboam était considéré comme le responsable de
la chute d'Israël, Élie accuse Akhab et la maison de son père
d'être « les perturbateurs d'Israël et de Juda »,
responsables de leur chute par leur abandon de Yhwh et
leur adoration de Baal » (p. 194). L'analyse est menée
tout au long de l'ouvrage avec grande rigueur, utilisant aussi bien
l'exégèse synchronique, la critique textuelle entre le TM et la
LXX, l'analyse diachronique et le recours à la littérature
extra-biblique. - V. Fabre