Le sacré, le divin, le religieux. Suivi d'un entretien avec Anne Mounic
H. MeschonnicSpiritualità - reviewer : Gauthier Kirsch
Linguiste, poète et traducteur de la Bible, l'A. a ses bêtes noires (Heidegger, p. ex.) et ses penseurs de référence (Spinoza). Ce petit essai (originellement partie d'un collectif de 2004) semble une forme de résumé de sa pensée : la distinction « sacré (comme fusion avec la nature) - divin (transcendant et inexprimable, mais source de la vie par excellence) - religieux (structure trop humaine à visée autoritaire) » n'est pas très originale à notre avis (on peut y retrouver des thèmes issus tant de Kierkegaard que de Levinas), mais Meschonnic peut ainsi promouvoir sa vision d'une poésie comme entrelacement du langage et de la vie, fondement d'une éthique humaniste - pour ne pas dire franchement individualiste, à la fois proche du nominalisme et des Lumières.
Ce qui fait que tout ce qui lui évoque une structure, un système, une organisation ou, pire, une Église, se voit accusé des pires maux. Le christianisme, l'islam, le consumérisme, l'université etc. sont des ennemis de la vie et du langage. Les pires étant peut-être les traducteurs de la Bible, tous des traîtres comme le soulignait déjà le proverbe italien bien connu.
On aura compris que tout cela nous semble outrancier. Mais le style est plaisant et les pensées excessives ont souvent l'intérêt de réveiller le goût des nuances et de la compréhension plus fine : ce n'est pas négligeable. - G. Kirsch