Dans l'oeuvre considérable de Paul Tillich (1886-1965), on ne
trouvera guère de réflexions spécifiques sur l'écologie ou
l'environnement. On ne trouvera pas davantage, p. ex.,
d'apports explicites à une éthique de la relation au monde animal.
Plutôt que d'exploiter quelques fragments épars, l'objectif de l'A.
est de repérer, dans l'ensemble de l'oeuvre et dans les
articulations majeures qui lui donnent sa cohérence, les fondements
philosophiques et théologiques sur lesquels puisse s'édifier une
contribution d'inspiration chrétienne à une pensée et à des
principes d'action en ces domaines. Ainsi que l'annonce le titre,
la pneumatologie, que Tillich élabore en particulier dans le
3e et dernier tome de sa Théologie
systématique(1963) et par laquelle il reprend et rééquilibre
l'ensemble de sa vision, apparaît comme une clé majeure pour toute
réflexion écologique qui s'inspirerait de lui. La dimension
pneumatologique et la perspective eschatologique qui se
déploient pleinement dans cette oeuvre de maturité
approfondissent et renouvellent sa réflexion, notamment sur les
tensions entre universel et particulier : ni fusion holiste ni
séparation individualiste.
Un dernier chap. explore brièvement la tradition chrétienne
orthodoxe puis la tradition confucéenne afin d'y repérer, en dépit
de profondes différences, d'heureuses convergences avec les
orientations proposées par Tillich : l'une et l'autre
reconnaissent à l'être humain un rôle et une responsabilité qui le
distinguent de la nature sans pour autant l'isoler dans une
position d'exploitation chosifiante et destructrice. Souhaitons
que, pour le volet chinois et confucéen en particulier, l'A. puisse
reprendre et creuser ce sillon.
Clairement construit et rédigé dans un style sobre, ce travail, qui
semble fondé sur la seule bibliographie en langue anglaise, se
recommande en outre par son attention à la diachronie
(développements et continuités) d'une oeuvre qui s'est poursuivie
au long d'un bon demi-siècle. - J. Scheuer s.j.