De ce Précis de théologie morale ont déjà paru le Tome I consacré à
la Méthodologie (1995) et le premier volume du Tome II qui a pour
objet l'anthropologie générale. Avec ce second volume du Tome II,
l'A., évêque d'Angers et dominicain, présente l'anthropologie dans
sa dimension morale dans la perspective de saint Thomas d'Aquin.
Successivement sont examinés le bonheur, la liberté et la
conscience. Contrairement à une tendance de la théologie morale
contemporaine, l'A. n'hésite pas à reconnaître dans le bonheur la
finalité de l'existence humaine et donc la nécessité d'en faire une
catégorie fondamentale. La béatitude est, en effet, un élément
essentiel de la Révélation en même temps que la quête du bonheur
représente une dimension capitale de notre condition. Dans cette
double perspective, le bonheur structure l'agir humain moral. La
morale apparaît alors comme une pédagogie de la béatitude divine.
D'un côté, le bonheur est un don gratuit de la part de Dieu, de
l'autre, il se construit comme agir de l'homme. Dieu offre à
l'homme son éternité, que l'homme joue en chacun de ses actes
libres et voulus. Il est donc indispensable de voir comment l'homme
se dirige lui-même sur ce chemin de bonheur. La liberté
(responsabilité morale) et la conscience sont les deux capacités
essentielles par lesquelles l'homme se détermine lui-même et juge
de la valeur morale de ses actes volontaires. Dans l'examen de ces
deux capacités, il aurait peut-être été intéressant d'intégrer
quelque peu les données des sciences humaines. Une analyse du
syllogisme pratique aurait sans doute été souhaitable, de même
qu'une présentation plus actualisée du «probabilisme». On
regrettera enfin la présence si réduite des penseurs modernes et
contemporains. Signalons aussi la surprenante confusion qui fait de
Molinos un «jésuite espagnol»! - H. Jacobs, S.J.